CM médiéval n°6

(reprise du 16/03/10)

C/ Le roi en majesté

Thématique du roi en majesté: communication en politique.
Dès l'Antiquité, mise en scène des pouvoirs. Au M Â, communication de + en + importante car civilisation de l'Oeil et de l'Oreille: alphabètes minoritaires donc pour communiquer les informations, on met en scène les infos.
Fin du M Â marqué par une prolifération de rituels, cérémonies, idée de la ritualisation de la puissance monarchique, dans laquelle la dimension religieuse est omniprésente. Affirmation de certains symboles (déf: symbole est un signe de ralliement, il n'a donc pas vocation à faire réfléchir). Connaître pour reconnaître et reconnaître pour se soumettre.

Symboles héraldiques
Vient du latin heraldus, « le héraut » qui doit connaître les armes, et avoir des armoiries. Au départ pour se reconnaître sur un champ de bataille, puis devient symbole général de reconnaissance, par réservé aux nobles, devient le symbole d'une famille au cours du temps. Fin XIII e les armes de la famille royale deviennent des armoires d'Etat qui ne changent plus selon les règnes et les dynasties, elles sont protégées contre toutes atteintes. Ordonnance royale de 1312 assimile toute dégradation armoiries à un crime de lèse majesté.
Armes: couleurs et meubles. Meuble; 3 léopard d'or sur fond de gueule soit sur fond rouge.
Armes d'Angleterre: armes de Normandie.
Animaux symboles de force et des symboles militaires.
Armes de France atypiques: Couleur bleu et fleurs de Lys ne sont nul part ailleurs. Première apparition dès le XI, 1035, sceau de Henri Ier. Travail de justification pour légitimer ces armes. Création d'une légende qui aboutit dans un traité de 1340-1350 anonyme qui légitimise par divinité, serait venu grâce à la femme de Clovis sur un champ de bataille.
Armes montrées, affichées en permanence, surtout dans la Cour royale (def: environnement humain formé d'un amalgame d'individus. Familier, officiers, servants, familles, grands du royaume). Cour: lieu où la souveraineté se manifeste au quotidien malgré la relative hostilité de la vie de Cour. Qqes grands évènements marquants avec une mise en scène du pouvoir. Ex: principales fêtes religieuses; jeunes fils des rois adoubés dont le récit de 1306 de Edward II prince de Galles. Qqes évènements exceptionnels qui sont écrit, peint ou tapisser. Ex: 4 janvier 1378, Charles V reçoit Charles IV du Luxembourg, Empereur, enluminure. 1454 à la cour de Bourgogne, Ph le Bon organise un banquet fastueux ou banquet du faisan, lance une propagande en faveur de la croisade (1455 prise de Constantinople).

Les entrées royales
Appui sur l'entré de Charles VII vue en cours.
Amalgame avec la liturgie politique. Utilisation dela liturgie religieuse et de pratiques profanes. C'est une invention de la fin du Moyen Âge. Dans l'Antiquité l'usage voulait que l'Empereur soit accueilli à l'extérieur de la ville, puis louanges de l'Empereur puis sacrifice et/ou jeux. Rite christianisé, premières entrées chrétiennes: pape qui entre à Rome. Repris par les empereurs puis par des comtes, ducs, évêques, mais ne se fait que lors de la première entrée. Les entrées royales sont réitérées et réitérables au cour d'un même règne. Origine de ce rite de l'entrée: le droit de gîte, permet des cadeaux, privilèges, soumission etc. Ce rite dans la seconde moitié du XIV mute profondément. Elles se font d'abord en France puis en Angleterre (pas avant 1446).
Les mutations
Paris, 1350: Jean II le Bon est accueillit hors de la ville par une procession.
Le roi est accueillit à Paris à son de trompe.
Tournai, 1355: Décoration de la ville (tapisseries)
Paris, 1380: Entrée de Charles VI, représentations théâtrales données le long du cortège.
*Béziez, Juillet 1389: Entrée de Charles VI, le roi est à cheval et surmonté d'un dais parsemé de fleurs de Lys porté par 4 individus. S'inspire du rite liturgie attesté depuis 1360 avec la fête du Saint Sacrement (processions promènes l'eucharistie en allant d'églises en églises avec un dais qui le surmonte, appelée « Fête Dieu ». Donc transformation de l'entrée royale en une « Fête Roi ». Entrée royale est devenue en France un média de propagande politique est un instrument de gouvernement car elle est l'occasion d'un dialogue entre le roi et la population de la citée. Par exemple à l'issue de l'entrée le roi peut octroyer son droit de grâce. Les villes peuvent à l'occasion émettre des requêtes, c'est aussi l'occasion de mesure la popularité du roi.

Les obsèques du roi
Jusqu'au XIIIe (comprit) rien ne distingue les obsèques d'un roi à celles d'un personnage du commun, tous sont obligés de se conformer aux obligations de l'Eglise. Confession, extrême onction, rédaction ou diction d'un testament, les funérailles sont sobres car obligation d'humilité. Après le XIII tout change dans les dernière décennies avec la volonté de se distinguer du commun, d'utiliser les funérailles pour affirmer leur souveraineté, preuve qu'ils sont souverain jusque dans la mort. Adoption quasi immédiate des changements par les princes.
-Multiplication des tombeaux – exposition des corps.
_ multiplication des tombeaux depuis les empereurs du XI. Ce sont des rois d'Italie et de Germanie. Lorsqu'ils meurent en Italie, on prélève les entrailles que l'on met en tombeau et le reste de la dépouille est inhumée en Germanie
Idem avec Saint Louis, mort à Tunis, le corps est ramené de la même manière. Cela devient une règle de partition en trois unités: Le corps rejoint la nécropole de Saint Denis; les entrailles et le coeur vont ailleurs. Les rois ont libre choix pour les deux autres parties. Cela peut dépendre des reliques, des dévotions à un ordre. Ph VI veut que ses entrailles aillent chez les dominicains et son coeur chez les chartreux. CH V veut que son coeur soit dans la cathédrale de Rouen car le dauphin était duc de Normandie: il affirme son implantation dans le coeur de la Normandie. Il met ses entrailles dans l'église de Maubuisson car c'est là qu'est inhumée sa mère et c'est un église à la frontière des comtés de Flandres. CH VII n'a pas demandé de tripartition.
Exposition des tombeaux
Plus tôt en Angleterre, avec Henri II Plantagenêt, exposition du corps pendant III jours, avec les insignes royales. 1314 première exposition française avec Philippe le Bel. Exposition du corps physique du roi car conservation entre 10 et 13 jours. Mais dans certaines circonstances, le corps n'est plus exposable, d'où l'introduction d'effigies de bois et d'un visage de cire peint. Au départ dicté par les circonstances. 1328; première exposition d'une effigie, lorsque l'on s'est préoccupé de son inhumation le corps n'était plus présentable. 1422 mort de Ch VI, avec la double monarchie il faut attendre le régent qui arrive un mois plus tard, donc exposition d'une effigie avec les insignes royaux. Explication de Ernst. Kantorowicz, 1958, avec Etude sur la théologie politique au M Â, avec l'idée des deux corps du roi. Adage emprunté au droit canon, « Dignitas non moritur » la Dignité (fonction d'ecclésiastique) ne meurt pas. Même idée avec la royauté. L'exposition de l'effigie revient à affirmer l'immortalité politique du roi défunt, ce qui minimise le rôle du acre qui ne devient plus que la manifestation publique de la succession.
On peut noter qu'ne France les rois on déployé une véritable politique funéraire, dont Saint Louis est l'initiateur. Durant son règne, il a fait entreprendre des travaux de rénovation et d'agrandissements de Saint Denis. Le cimetière des rois à été réaménagé afin de faire des regroupements dynastiques. Il a fait commander 16 effigies de pierre et à fait aménager un nouveau coeur dans lequel il à installé les capétiens. Philippe le Bel a fait construire un monument en or massif sur la sépulture de Saint Louis pour affirmer la supériorité de ce roi saint. Jusque Charles V, la nécropole de Saint Denis était réservée à la famille royale, puis elle s'ouvre aux serviteurs particulièrement dévouéeau roi? Ex: Du Guesclin inhumé au pied du tombeau de CH V. Idem pour le chambellan Bureau de la Rivière, éducateur de CH VI.


D/ Conscience et appartenance nationale

Déf nation: communauté humaine qui, normalement, vie sur un même territoire délimité par des frontières. Mais il faut également la conscience de partager une même histoire, une même langue.
Il faut dans tous les cas au moins un noyau dur.
Le mot n'est pas anachronique mais il y a une naissance progressive d'une conscience de partage. Souvent on considère une date de la naissance: 24 décembre 1204, Philippe Auguste entre victorieusement dans Rouen, alors le roi n'est plus roi de Francs, mais roi de France. Le roi n'est plus roi d'une tribu mais roi d'un territoire. Mais date contestée, peut il y en avoir une ?
Mais cette conscience permet à l'Etat d'être autre chose qu'une simple construction juridique.

Composantes du sentiment national
Assemblées représentatives entre autre, mais trois piliers.
l'Histoire - la langue - la religion
Nation et histoire
Si une nation veut exister dans le présent il faut qu'elle soit ancrée dans un passé, réel comme fictif. Il faut juste y adhérer car valeur fondatrice. Dès le XII en Angleterre, surtout avec l'auteur Geoffroy de Monmouth (1135) auteur du Historia regum Britanniae. Il construit la figure légendaire du roi Arthur qui n'a sans doute jamais existé. A la fin du XII dans l'Abbaye de Glastonbury on découvre la dépouille d'Arthur et de Genièvre. Fin XII sous Edward Ier, découverte de la couronne du roi Arthur au pays de Galles. E Ier organise donc des tables rondes à partir de ce moment.
En France, situation paradoxale, on se construit un passé contradictoire. Depuis le XIIe la France est pieuse. Le mythe historique fondé est païen, il se trouve déjà en 660 par l'ecclésiastiques Frédégaire dans une histoire des francs, donne la première occurrence des origines troyennes. Mythe que l'on ne trouve plus avant le XII, chronique du règne de Ph Auguste par Rigord, moine de Saint Denis. Permet une sorte d'anoblissement collectif de la nation. Un des objets du livre de Colette Beaune, La nation France, 1981. Dimension historique qui explique l'existence de cet atelier historiographique de Saint Denis où l'on consigne l'histoire

Nation et Langue
Complexité car le monde médiéval est un monde polyglotte, avec la coexistence de différentes langues. Mais aussi et surtout la diglossie, soit le fait d'utiliser différentes langues en fonction de ce que l'on a à faire, il y a donc une hiérarchie des langues. Usage de la langue vulgaire est tolérée mais ce n'est pas du lettrisme si l'on ne connait pas le latin. Il y a qui plus est différentes langues vulgaires. Ce qui explique que les Etats généraux ne sont pas réunis en une fois, car il y a la barrière de la langue. En France il y a une multiplicité des langues, ce qui explique par exemple que la diplomatie se fait uniquement en latin. Puisque la France aurait des origines troyennes, les linguistes affirment donc que le français découle du grec et pas du latin. La réalité, c'est que le fançais dans le monde médiéval est une langue internationale et parlée hors de France, entourée d'un prestige. On parle et on lit le français en Italie, en Angleterre (les rois anglais ne parlent pas anglais avant le Xve, la législation est promulguée en français, même en Angleterre).
En Angleterre, on peut voir une triglossie: coexistence du latin (administration) le français (langue d'oïl pour les élites et la littérature), et l'old english parlé par la majorité de la population. Donc, par exemple, dans une cour de justice, les individus sont interrogés en old english, les plaidoiries sont en français et la sentence en latin.

Nation et religion
N'entre pas en compétition, s'entraide plutôt.
Prières et messes à vocations politique. Victoire militaire: célébration d'un te deum. Toute défaite donne lieu à la célébration d'un office mortuaire. Certaine fêtes religieuses sont célébrées avec faste: Saint Dagobert, Saint Charlemagne, Saint Louis; messes publiques et solennelles, mais au XIV les papes d'Avignon par l'octroi d'indulgences, obtiennent que des prière à dimension politique soient donnés aux laïcs.
Désignation de 5 protecteurs au départ de la famille royale puis il s deviennent protecteurs du royaume. C'est Saint Denis qui devient le protecteur de la France, personnage obscur qui se prête à toute sort d'interprétations (ce n'est pas le premier évêque de paris et l'évangélisateur du bassin parisien) Il est assimilé à un Saint Denis Grec qui est une personnage historique, mort en 96 en martyr, évêque d'Athènes, convertit au christianisme par Saint Paul. Amalgame qui dit que pas mort mais s'exil en France; Dans tous les cas Saint Denis devient le protecteur de la France et du roi. Mais face à la folie de Charles VI, il reste impuissant donc on trouve un nouveau Saint. Ce n'est pas Saint Denis qui est choisi car ce n'est pas un symbole politique fort. L'abbaye du Mont Saint Michel elle est devenue un symbole de la résistance face à l'Angleterre, d'où le chois de Saint Michel, d'où la fondation de l'ordre de Saint Michel par Louis XI.

Les assemblées représentatives
Fondamentales car elles ont servi à définir un espace national. Elles sont le lieu d'un dialogue entre les gouvernants et les gouvernés, en France on observe que l'âge d'or de ces assemblées est le fin XIV et XV. Certains historiens pensent que l'Etat Moderne de cette époque est un « Etat d'Etat ». Lorsque les rois cessent d'utiliser ces assemblées, on passa à la monarchie absolue.
En Angleterre, l'assemblée représentative est le Parlement. On considère qu'il nait en 1215, lorsque Jean Sans Terre octroie la « Grande Charte » : « Pour avoir le Commun Conseil du royaume au sujet de l'établissement d'une aide... ». Le parlement est un commun conseil soit un conseil royal élargit pour lequel ceux qui siègent sont convoqués individuellement pas des lettres avec un ordre du jour. Le mot parlement apparaît pour la première fois en 1236, Henri III réforme alors la justice et il lui donne la justice d'appel. En 1265, suite à une révolte contre Henri III menée par Simon de Monfort, ui s'impose par le titre de dictateur et convoque deux bourgeois par ville et par bourg. 1295, campagne de Guyenne, Edward I er convoque un Parlement modèle (instauration d'un mode de fonctionnement). Epose sur l'idée que le Parlement n'a plus de pouvoir judiciaire mais son pouvoir politique se renforce. Il devient un organe indépendant (officiers royaux exclus du parlement). Il devient un organe politique et législatif, il promulgue des statuts et en 1341 promulgue un statut par lequel seul un statut peut modifier ou casser un statu, plus les ordonnances royales. Dès cette époque il fonctionne en 2 chambres: La chambre des Lords ou chambre Haute de 120 à 150 membres. La chambre des communes n'est convoquée que de manière irrégulière et c'est seulement en 132 qu'elle est adjointe à la Chambre des Lords.
Les Etats en France
Naissance découle du même processus: les Etats émanent de la cour du roi, de la Curia Regis par un processus d'élargissement. Conseil qui entoure le roi depuis l'Antiquité, composé d'ecclésiastiques et de nobles. Au XIII avec Saint Louis, pour des questions techniques, il s'entoure de praticiens et donc consulte des bourgeois. Pour que naissent les Etats Généraux, il suffit que le roi rassemble les représentant des trois ordres en même temps au même endroit. 16 Avril 1302.