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Un exemple remarquable de résistance culturelle chrétienne sous le règne de Julien

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Un exemple remarquable de résistance culturelle chrétienne sous le règne de Julien Empty Un exemple remarquable de résistance culturelle chrétienne sous le règne de Julien

Message  Tiphaine Sam 12 Déc - 14:01

Un exemple remarquable de résistance culturelle chrétienne sous le règne de Julien

INTRODUCTION
L’empire chrétien dont les bases furent jetées par Constantin était loin d’être aussi stable que l’on pouvait le penser.
L’empereur Constance II (317-361) voyait approcher la fin de son règne troublé, mais ne pouvait envisager d’autre héritier qu’un personnage à l’origine non destiné à l’empire, ce qui explique son parcours atypique. Flavius Claudius Julianus (331-363) né du fils légitime de Constance Chlore, était donc le cousin de Constance II. Dans les luttes pour le pouvoir qui se déchaînèrent à la mort de Constantin, son père avait été assassiné, et Julien savait les risques de s’approcher trop du pouvoir, son frère le César Gallus avait été exécuté sur ordre de Constance II. Les relations entre l’empereur et le jeune Julien ne pouvaient donc en rien être bonnes. D’autant plus que la religion de ce cousin ne collait pas avec celle de la cour. Dans sa jeunesse, en tant que membre de la famille impériale son éducation avait été chrétienne, et il avait reçu bien sûr le baptême chrétien. Cependant ses goûts le portèrent à l’inverse, et dès qu’il fut plus libre de ses mouvements partit étudier à Constantinople et Nicomédie, et s’approcha des cercles de la religion hellénistique. On peut s’interroger sur ce changement de foi, se convertissant au paganisme secrètement en 351, réalisant ainsi le chemin inverse de Constantin. En même temps rien ne le retenait au christianisme, religion des assassins de sa famille, et de la cour corrompue de Constance II. Il fut donc heureux de trouver en l’hellénisme une religion philosophiquement élevée et spirituellement fervente. Il étudia à Athènes avec Grégoire et Basile respectivement futurs évêques de Nazianze et de Césarée.
Cependant Julien dut abandonner la philosophie pour obéir à l’empereur et devenir César en Gaule. Constance II souhaitait s’en défaire dès que possible, mais contre toute attente Julien s’acquitta avec brio de sa mission. Et lorsque l’empereur ordonna aux meilleurs escadrons de Julien de participer à l’expédition en Perse ceux-ci refusèrent et proclamèrent Julien Auguste, en février 360. Il devint donc trop encombrant pour espérer rester en vie s’il ne tentait pas le pouvoir impérial. Après le refus par Constance d’une dyarchie Julien marcha vers l’Orient. Julien arriva au pouvoir le 3 novembre 361 à la mort de Constance II qui le désigna comme son héritier légitime, poursuivant ainsi la dynastie constantinienne, à l’issue d’une guerre civile avortée, et lui laissant un empire et une Eglise en peine à des menaces, militaires et hérétiques. Le nouvel empereur tentera le renversement inverse de Constantin, sans toutefois y parvenir, et pas uniquement faute de temps. Sa tentative fit peser une menace sur l’Eglise qui ne l’oublia pas dans ses histoires.
Ce texte est extrait d’une Histoire Ecclésiastique, nouvelle manière d’écrire l’histoire née au début du 4ème siècle chez Eusèbe de Césarée. Comme les autres histoires grecques et latines il s’agissait toujours de faire le récit d’une nation en guerre. La différence était que cette guerre se situait entre les chrétiens, nation d’origine transcendante ayant pour chef le Christ, et leurs adversaires, païens ou hérétiques.
Socrate de Constantinople (380-439 ou 450), avocat en cette même ville, se proposa dans son Histoire Ecclésiastique de prendre la suite de celle d’Eusèbe de Césarée, en traitant des années 305 à 439. Son œuvre expose ainsi la mise en place d’un empire chrétien. Il y plaide pour une Eglise unie malgré les différences et évoque les ambiguïtés de la relation entre l’Eglise et le pouvoir impérial. Son récit peut sembler être celui d’une histoire très conflictuelle.
Dans la conception de Socrate de Constantinople Julien était donc un personnage incontournable étant donnée la menace qu’il avait fait peser sur l’Eglise, dans ce contexte les Apollinaire lui apparaissent comme les défenseurs des chrétiens.
PROBLEMATIQUE Comment la réaction des Apollinaires illustre-t-elle les difficultés de la relation entre les chrétiens et la tradition païenne et nous révèle-t-elle la politique d’un empereur atypique ?
PLAN
I. UNE EXCLUSION IMPERIALE EPHEMERE
1. La loi de Julien
« la loi de l’empereur Julien qui interdisait aux chrétiens de participer à l’éducation païenne » l.1
Dans un premier temps, Julien s’était montré prudent à l’égard des religions, se contentant de ramener un certain équilibre, ainsi il rappela les évêques nicéens exilés par Constance II, non sans mettre face à ses divisions l’Eglise et révoqua tous les privilèges accordés précédemment aux membres du clergé chrétien. Il fit aussi le projet de reconstruire le temple de Jérusalem. Julien prônait la liberté de culte et même une certaine liberté de conscience, tout en considérant personnellement que le christianisme était une erreur.
Mais en 362, cette période s’achève, et il lance clairement son mouvement de renaissance païenne. Julien voulait valoriser au maximum les liens entre le paganisme et le classicisme. L’école fut pour lui un instrument de reconquête païenne, la religion chrétienne étant « barbare » il convenait de les séparer, mais surtout les maîtres chrétiens faisaient preuve selon lui d’hypocrisie.
En quoi consista cette loi ? Le 17 juin 362 un 1er édit ordonne que les villes soumettent la nomination des maîtres d’école à l’approbation des curies. Celles-ci doivent vérifier attentivement les bonnes mœurs des candidats et la loi fixe les conditions de recrutement. Un 2nd édit, ou une circulaire, va encore plus loin et vise directement les chrétiens, leur interdisant d’enseigner dans les écoles municipales.
Pourquoi ? « l’intrigue de l’empereur » l.12 dans un de ses écrits Julien précise sa pensée en disant « je trouve absurde que celui qui commente les ouvrages méprise les dieux qu’ils ont honorés » (les auteurs classiques). Pour lui on ne peut enseigner ce que l’on ne croit pas, et les enseignants chrétiens se voient accusés d’appât du gain et d’absence de morale.
Julien fit ici preuve de sectarisme, même selon un auteur si enthousiaste envers lui que Libanios qui reconnaît que l’empereur s’était laissé emporté par sa foi d’un nouveau genre. Les chrétiens le perçurent comme une atteinte presque le début d’une nouvelle persécution « l’attaque de l’empereur » l. 13 Cela explique que la tradition historique chrétienne soit très dure à son égard comme nous le verrons plus loin. Cependant Julien ne souhaitait pas la création de nouveaux martyrs bien qu’il y en eu. C’est pourquoi cette loi peut s’inscrire dans sa volonté de ne pas persécuter mais de ramener les chrétiens sur ce qu’il considérait comme le bon chemin de la tradition et leur éviter d’influer sur les païens, de créer d’autres convertis.
Cette exclusion des chrétiens ne se limite d’ailleurs pas aux écoles, mais aussi à l’appareil d’Etat, Julien avait ainsi le projet de les écarter, car selon lui ils ne défendaient pas l’empire mais privilégiaient leurs coreligionnaires.
On peut cependant voir que cette situation fut éphémère et l’action des Apollinaire d’une durée réduite, limites se retrouvant dans toute la politique mise en place par Julien.



B. Une nécessité éphémère
« la loi s’éteignit avec l’empereur » l. 14 Ici Socrate de Constantinople limite l’impact de la politique de Julien sans toutefois entrer dans les détails. Les lois en matière religieuse de Julien étaient en partie déjà remises en cause avant sa mort. Ce qui n’empêche pas de leur accorder une importance en raison du renversement réel qui aurait pu s’amorcer.
Sa politique religieuse de retour au paganisme peut sembler bancale, prise entre deux scepticismes, celui des chrétiens bien évidemment, et celui des tenants de la tradition. Il tenta d’organiser une Eglise païenne en décalquant les structures de l’organisation chrétienne ayant assuré le succès de la nouvelle religion. Il ne s’agissait donc pas à proprement parler d’un strict retour à la religion de la tradition. Le mysticisme et la piété extrême de l’empereur ne fit qu’accentuer le sentiment de décalage. Julien conjuguait la métaphysique grecque et les principes religieux romains, et cette union originale rencontra peu d’enthousiasme.
Cependant les bases étaient là pour qu’un renversement ait pu se produire et suffisamment ancrées pour que les chrétiens l’aient ressenti comme une menace. Ils agirent en conséquence, retrouvant un statut de non privilégiés tout en ne redevenant pas illicites, mais dédaignés par l’empereur.
L’empire avait été profondément changé par Constantin et ses fils, et évincer les chrétiens si imbriqués dans le système impérial revenait à une tentative dangereuse qui risquait de déstabiliser son pouvoir et sa cohésion.
Mais l’impact de cette politique ne peut être réellement mesuré à défaut d’avoir pu se développer car Julien meurt en 363, dans des circonstances que nous évoqueront ensuite.
Socrate limite en conséquence l’œuvre des Apollinaire « utiles pour les chrétiens dans les circonstances d’alors » l.4
Même si Socrate reconnaît le peu d’efficacité de la politique suivie par Julien en la matière, réduisant par là même le sentiment de persécution, il n’échappe pas à la tradition des auteurs chrétiens à propos de Julien.
C. Un auteur chrétien
Il ne parle pas ici d’ « apostat » contrairement aux auteurs historiens qui suivront. Et en cela se détache par sa conception sans doute plus historique.
« la providence de Dieu se montra supérieure à leur entreprise et à l’attaque de l’empereur » l.13-14
Comme pour Eusèbe de Césarée, Socrate donne un sens à l’histoire, qu’il rédige après coup bien sûr, et il croit y trouver une trace de l’action divine. La destinée de l’Eglise une et universelle converge avec celle de l’empire. Julien allait contre deux destinées qui étaient plus fortes que lui dans la conception de Socrate de Constantinople.
L’image négative de Julien qui se dégage de ce texte se base sur des faits mais aussi par une vision chrétienne, en effet les historiens chrétiens qui donnèrent le nom d’Apostat à Julien par la suite révèlent une grande peur rétrospective par leur acharnement parfois contre ce personnage particulier.
Il ne s’étend pas sur la fin du règne, et en cela sera imité par les historiens suivants. Il voit dans cette mort un geste divin et omet de préciser les circonstances. Celles-ci nous demeurent assez troubles. « la loi, s’éteignit avec l’empereur » l .14 Julien s’était fait touché à mort par un coup de lance lors d’une retraite de l’expédition sacrée contre les Perses le 26 juin 363. Le problème est la provenance de ce coup mortel, vu le nombre d’ennemis de Julien et justement ce silence des sources chrétiennes essentiellement. Les auteurs favorables à Julien firent état de rumeurs perses l’attribuant à un chrétien des troupes impériales. La suspicion est d’autant plus grande que les Perses ne revendiquèrent pas la mort de l’empereur, comme ils s’en étaient enorgueillis lors de la mort de Valérien en 260.

Julien par sa loi allait à l’encontre des conceptions de son temps en la matière. Elle fut éphémère mais laissa des traces dans les traditions historiques chrétiennes de même que les lettrés qui lui en voulurent beaucoup. Pour s’interroger sur l’impact qu’eu une telle mesure, il faut expliquer la place qu’avaient les chrétiens dans le système éducatif au IVème siècle. Le problème de la relation entre classicisme et christianisme est donc abordé dans le sens opposé de celui de Tertullien, qui étrangement voit son principe rejoint par un empereur chrétien. La réaction des Apollinaire suit la volonté de Julien souhaitant « … »

II. Une culture à part ?
A. Grammairiens et philologues : les chrétiens dans l’enseignement.
Julien allait à l’encontre des conceptions de l’époque en matière d’enseignement, en effet maîtres et élèves opéraient une distinction entre cultuel et culturel. Pour se poser la question de l’impact de la loi d’exclusion il convient de comprendre quelle était la place des chrétiens dans cette fonction de maître, et s’il y avait une distinction. Le texte nous présente les Apollinaire en érudits et professeurs très réputés.
« rendit plus illustres les Apollinaire » l.2 Qui étaient les Apollinaires ? Le père Apollinaire venait d’Alexandrie où il exerçait le métier de professeur, arrivé à Laodicée en Syrie pour chercher meilleure fortune, son fils y naquit. Les deux se convertirent au christianisme, mais leur zèle pour la littérature les fit un moment suspecté d’hérésie par l’évêque Théodote. En effet ceux-ci fréquentaient beaucoup le sophiste païen Epiphane, Athanase d’Alexandrie et Sérapion de Thmuis. Le jeune était lecteur dans l’église de Laodicée. Le fils (315-avant 391) devint évêque de Laodicée en 361. Il avait reçut une formation philosophique et rhétorique et en cela servait de porte-parole chrétien avec les païens. On peut supposer que sa réaction conjointe avec son père eu une certaine influence et retentissement, ils ne furent pas les seuls, certains démissionnant avec fracas des chaires municipales (Marius Victorinus).
« comme tous les deux étaient experts ès lettres, le père en grammaire, le fils en sophistique » l.2-3 «
« le premier parce qu’il était grammairien » l.5 L’essentiel de l’enseignement du grammairien consiste en l’explication des auteurs et des poètes, bien évidemment tous païens. Dans cette érudition grammaticale la mythologie et les légendes héroïques occupaient une place essentielle. Il se devait d’expliquer le rythme des vers, les tournures poétiques, la métrique. Son rôle était de préparer l’élève à l’école du rhéteur.
« le plus jeune Apollinaire qui était bien exercé à l’éloquence » l.10 On peut penser qu’ici Socrate fait référence à un maître de rhétorique, c'est-à-dire l’art de persuader dans un discours, mais à cette époque de l’empire il s’agissait désormais plus de l’art de bien parler en maîtrisant les formes à employer. Il s’agit d’une longue tradition remontant au -5ème siècle en Grèce, donc païenne. Cela ne posait pas pbl comme nous le verrons pour les chrétiens.
En effet les chrétiens n’avaient pas suivi les restrictions que Tertullien avaient formulées au début du 3ème siècle contre le métier d’enseignants. Beaucoup de chrétiens ont enseigné dans les écoles de type classique, les Apollinaires ne sont donc pas un cas à part. Les cas sont nombreux et l’on rencontre des chrétiens dans tous les ordres de l’enseignement du maître d’école aux plus hautes chaires d’éloquence. L’école n’est donc pas christianisée, et les professeurs continuent à faire apprendre dans la mythologie, même les chrétiens. Là n’était donc pas le problème pour Julien.
Mais les Apollinaire avaient donc les outils nécessaires pour tenter de créer des sources chrétiennes étudiables et pratiques à l’enseignement.

B. L’action des Apollinaires
Pourquoi ont-ils agit ainsi ? Ils se situaient dans la politique de Julien et respectaient les volontés de l’empereur du moins en partie. Cependant ils refusèrent d’être exclus de la tradition lettrée et ils se mirent en devoir d’improviser des textes d’étude, des classiques de remplacement. « ils se montrèrent utiles pour les chrétiens dans les circonstances d’alors » l.3-4
En quoi consista leur œuvre ? « pour qu’aucune forme de la langue grecque ne soit ignorée des chrétiens » l.9 support nouveaux de l’étude : « une grammaire de type chrétien » l.6 « les livres de Moïse » l.6 Il s’agit des 5 premiers livres de l’AT, c'est-à-dire, la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome. On peut aisément concevoir que ces livres soient adaptables à un récit historique dans sa forme, les événements contés se rapprochant de l’épopée du peuple choisi de Dieu. Ils correspondent à la Torah, appelés livres de Moïse car ils auraient selon la tradition écris par le patriarche. En réalité les écrits des livres de l’AT furent terminés d’être rédigés au 4ème siècle avant JC et la plupart rassemblés par le scribe Esdras au 5ème siècle avant JC. Ils furent acceptés dans le canon sacré des écrits inspirés de Dieu.
« les Evangiles et les enseignements apostoliques » l.10 Le NT est propre au christianisme, étant l’enseignement que celui qui est assimilé au Messie a dispensé sur terre. Le Dieu s’est exprimé par la voix de son fils Jésus devenu Christ. Il ne s’agit pas d’une succession d’événements mais montre un souci de les comparer avec ce que l’AT est censé dire du Messie. L’enseignement de ce Jésus nous est transmis par 4 évangélistes, retranscrivant la vie de ce personnage avec ses apôtres. Marc, Luc, Jean et Matthieu tous ne sont pas des apôtres, et la rédaction s’est déroulée sans doute assez vite, se terminant au cours du 1er siècle.
Il ne nous reste de ces ouvrages que l'Interprétation des Psaumes, en vers grecs, et une tragédie, le Christ souffrant, souvent attribuée à tort à saint Grégoire de Nazianze.
la forme de leur œuvre : Leur forme s’adaptait à chaque contenu pour former un programme scolaire complet. Etant grammairien comme nous l’avons vu Apollinaire l’Ancien put aisément savoir les manières de transcrire les textes. L’Ancien Testament fut donc « rédigés dans le genre historique » l.7 Sans doute cela lui semblait mieux convenir, le genre historique était accompagné du « mètre héroïque » l. 6. L’œuvre littéraire de la Bible en elle-même est susceptible de s’insérer à l’infini dans des contextes nouveaux d’expérience et d’imagination.
Le « genre tragique » l.8 lui servit à « composer des drames » l.8 en employant cette fois d’autres mètres dont « le mètre dactylique » l.7 Le mètre dactylique est le mètre par excellence de l’épopée, c’est celui de l’Illiade et de l’Odyssée. Il se compose de 6 mesures appelées pieds, chaque mesure étant un dactyle, je n’entre pas dans le détail de chaque pied. Le genre tragique dans l’Antiquité avait pour but de présenter un personnage en butte à la destinée que les dieux lui imposaient. On peut supposer qu’Apollinaire trouva dans l’Ancien Testament de nombreux récits où un humain se voyait confronté à la puissance divine. Le Dieu de l’Ancien Testament étant un dieu plus dur que dans le Nouveau Testament. Mais dans le Nouveau Testament la Passion du Christ offrait également un sujet de choix pour une tragédie.
« tout mètre rythmique » l.8 Les mètres rythmiques permettaient de prononcer le texte comme il convenait et de le lire, en captant la musique qu’il contenait. Les types de vers et leur agencement peut déterminer formellement un genre.
Pour le Nouveau Testament, la forme privilégiée fut celle du dialogue, permettant ainsi d’exposer les différentes règles du discours, de la mise en ordre des arguments à l’art de la prononciation. «sous forme de dialogues » l.11 Certains évangélistes étaient plus adaptables sous la forme de dialogues. Par exemple Marc qui serait l’interprète de l’enseignement oral de Pierre, se caractérise par la simplicité de son récit et le style de la conversation familière.
(Les Evangiles s’exprimaient dans la tradition littéraire du moment de leur rédaction, une réadaptation à des éléments de la culture classique n’est donc pas impossible ni inconcevable en soi.)
On peut se demander malgré tout si leur œuvre eu une importance réelle même à ce moment spécial de l’histoire, car les jeunes chrétiens eux n’étaient pas exclus des autres élèves, ils ne pouvaient avoir la perspective de devenir érudits mais seuls les érudits existants se trouvaient vraiment atteints à ce moment précis.
Les formes de leur œuvre illustre les ambiguïtés de la relation entre culture classique et christianisme.
C. Les chrétiens et la culture classique
Les modèles employés par les Apollinaires sont tous hérités du paganisme et l’on peut ainsi voir que l’attitude du christianisme à l’égard de la culture dans laquelle il est né n’était pas au rejet total.
« comme Platon chez les païens » l.11 Platon, philosophe grec élève de Socrate avait rédigé des dialogues retranscrivant la méthode suivie par son maître, la dialectique. Apollinaire semble y avoir vu un aspect essentiel de pédagogie permettant de conceptualiser les idées de l’interlocuteur.
« qu’aucune forme de la langue grecque ne soit ignorée des chrétiens » l.9 Cela nous révèle que les chrétiens ne voulaient pas être détachés des connaissances de leur époque, ni de la société, il leur fallait une formation similaire pour s’y intégrer. Ils ne voulaient pas être exclus du bénéfice de la tradition lettrée et se mirent en devoir d’improviser des textes d’études et des classiques de remplacement. Ainsi l’Eglise avait accepté tel quel le système scolaire de l’empire et ne tenta pas de mettre en place un enseignement séparé pour les enfants chrétiens.
On a vu plus haut que les Apollinaires s’étaient vu reprocher leur lien trop forts à la culture classique, mais nombreux furent les chrétiens illustres ayant d’abord été professeurs de rhétorique dt Cyprien et Augustin. Il faut savoir que le christianisme fut fortement influencé par le contexte dans lequel il se développa, et en atteignant les couches cultivées de la société de l’empire assimila leur culture. Ceux-ci continuaient à s’exprimer avec les moyens que leur culture classique leur avait donnés.
C’est pourquoi il pouvait sembler tout à fait normal que le changement des textes de base ne modifient pas la forme culturelle. D’ailleurs ce n’est pas ce que Julien voulait, il se contentait de mettre les enseignants chrétiens en face de leur conscience, considérant incompatible une chose traditionnellement acceptée.


CONCLUSION
La loi de l’empereur Julien en matière d’enseignement marqua un tournant dans son règne, entrant dans une période qualifiée de persécutrice par les chrétiens mais que l’on pourrait appeler d’intégrisme de sa part. Il entrait en désaccord avec son temps, mais souhaitait mettre un terme à ce qu’il considérait comme une incompatibilité. Il voulait que coïncident la conscience religieuse des maîtres et leur enseignement.
Ils se virent obligés de créer un enseignement strictement chrétien et cependant ils s’y refusent pour se maintenir du moins en partie sur le terrain de la culture classique. Les Apollinaires ne virent qu’une seule solution de créer une littérature propre au christianisme dans son contenu mais classique dans sa forme. Cette œuvre révèle les rapports étroits entre christianisme et culture classique qui pourraient sembler conflictuels à priori. Tentative aussi anachronique que la loi de Julien, mais réaction qui semble avoir été conçue comme adaptée à la situation.

La tentative des Apollinaires fut sans lendemain car dès le 11 janvier 364 la loi de Julien fut abrogée et les maîtres chrétiens purent faire leur retour dans les chaires municipales. C’est le début de l’empire chrétien irrésistible. L’empire chrétien n’avait pas été une simple parenthèse comme le songeait Julien, sinon sa politique aurait rencontré plus d’enthousiasme, en particulier de la part des païens.
Cependant certains jugeaient incompatibles le christianisme et la culture classique, ou du moins se montraient sceptiques.
Nous permet de voir le pbl de cette relation du côté païen, le rapport entre les chrétiens et l’école non pas pour les protéger des influences dangereuses contenues dans la culture classique, mais pour que les chrétiens ne soient pas amenés à commenter des œuvres de culture classique, Julien les range à la simple religion, les considérant non comme des professionnels mais ne voyant en eux que des chrétiens.
A l’inverse certains auteurs chrétiens ne virent en Julien qu’un traître et persécuteur envers la religion à laquelle ils adhéraient, d’où le nom d’apostat, qui est aujourd’hui tout relativisé, étant donné que Constantin pourrait aussi être appelé ainsi, mais à l’égard de la tradition. Ce terme étant trop ancré dans une tradition historique précise, il n’est presque plus employé par les historiens actuels ou avec précautions.

Tiphaine

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