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Chap1: lisants et lecteurs

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Message  Anne-éli Dim 11 Oct - 11:10

Les « lisants » et les lecteurs


C’est la nuance entre ceux qui savent lire et ceux qui lisent réellement.
Mais qui lit ? Que veut dire lire ?

La lecture s’apprend et pendant longtemps ce n’était pas donné à tout le monde. La généralisation de l’apprentissage pèse sur ce qu’on lit et sur la façon dont on lit.

I- l’avènement de l’imprimerie
Vers 1450, une rupture ?

ex:La Bible à 42 lignes de Gutenberg 1456

A- une compétence encore très limitée

Au milieu du XVe siècle, la compétence de lecture est très très limitée. C’était l’apanage du Clergé voir même du Haut Clergé et des communautés religieuses.

Cependant depuis les XII et XIII, on commence à avoir un élargissement progressif de la compétence de lecture avec des laïcs qui vont apprendre à lire grâce à la croissance urbaine qui engendre des échanges à grandes distances. C’est l’apparition de correspondances, de livres de comptes, de transactions directes par échanges de contrats écrits. Ainsi entre dans la lecture la bourgeoisie, les marchands et les notaires. La lecture est alors perçue comme un outils pratique.

A la même époque apparaissent les universités de droit et de médecine. Une grande partie des cours se fait par la lecture du manuel par le professeur.

C’est également le développement des appareils administratifs tels que la Justice et l’administration fiscale.

L’apparition à la fin du XIV et XVe siècle de la pratique religieuse de la DEVOTIO MODERNA c'est-à-dire la volonté d’avoir une plus grande participation à la vie religieuse par la lecture des textes saints notamment en Allemagne, aux Pays-Bas et dans le Nord de l’Italie, engendre un élan d’apprentissage.

Vers 1450, la compétence de lecture n’est plus l’apanage du clergé, désormais les laïcs savent lire ; Ils représentent environ 10 -15 % de la population urbaine en France c'est-à-dire à peu près 1-2 % de la totalité de la population.

Savoir et être capable de lire activement est encore plus rare car les ouvrages sont des manuscrits ardus à décrypter car il existe beaucoup d’écritures différentes et on ne connaît qu’une ou deux types de graphie. D’autant que pour accélérer la copie, les copistes adoptent des abréviations qui sont aussi nombreuses que le nombre de copistes. De plus les copistes sont fiers et essaient de personnaliser leurs travaux.

Ex : Pétrarque : « ces écriture qui brouillent les yeux »

On changeait de couleur dans le texte (note rouge) pour notifier que l’on changeait d’idée ou de chapitre. L’ensemble est donc un vaste bloc d’écriture à peine ponctué de lettrines et de rubrication (note rouge). Il faut donc beaucoup de temps pour lire, une bonne lumière et de la concentration.

B- des manuscrits rares et coûteux


Les manuscrits sont faits à l’unité mais le plus onéreux est la copie. C’est un acte lent, un bon copiste copie 3 à 4 pages par jours.

Les copistes sont des professionnels qui travaillent dans des ateliers. Cela coûte cher.

Ex : un manuscrit ordinaire sur papier et sans ornementation équivaut à 2 ou 3 semaines de nourriture pour une famille. Un manuscrit (manuel) pour un étudiant équivaut à 4 ou 5 mois de bourse d’études. L’on met alors le système de la PECIA (la pièce) ou l’étudiant loue cahier par cahier et les recopie lui-même.

Ces manuscrits sont mal distribués. Il est difficile de se procurer un manuscrit. Cependant les ateliers de copistes organisent des librairies de manuscrit d’occasions notamment pour les manuels des universités.

Dans le cas d’une commande, il faut que le copiste trouve un exemplaire dans son réseau professionnel ou dans ses relations dans les bibliothèques ecclésiastiques.

La lecture est une compétence rare et une pratique difficile. C’est un travail ou une méditation, on ne lit pas par plaisir.

C- l’impact de l’invention de l’imprimerie : 1456

L’impact de l’invention de l’imprimerie se fait sentir entre 1456 et 1520, c’est le temps de diffusion et d’acceptation.

Mais en quoi change t’elle la lecture ?

- une production plus abondante
- une accessibilité à plus de textes
- une production diversifiée

C’est l’apparition des pièces brèves, des livrets, des feuilles volantes, des affiches, tirés en quelques jours ou parfois en quelques heures.

Ces brochures vont être de différents types :

- actualités (des occasionnels – le terme de l’époque = des canards)
- pamphlet
- propagande religieuse

C'est-à-dire que lire c’est aussi lire quelques pages (7 à 16) avec des messages à sensation. On passe à un autre type de lecture, on stimule l’envie.

La diffusion est beaucoup plus active et plus efficace.

On n’est plus obligé de commander et se développe le métier d’éditeur. Il va faire publier 150 à 1000 exemplaires d’un même ouvrage. Il va aller au devant des lecteurs en développant le commerce du livre par l’intermédiaire des librairies (dépôts de l’éditeur), des brochures. Ensuite apparaissent les librairies telles que nous les connaissons, le commerce itinérant véhicule également de la lecture sur les foires et les marchés des petites villes, sans compter le colportage d’imprimés dans les campagnes. Les colporteurs vendent surtout des brochures et des feuilles volantes car les livres sont trop lourds.

C’est le 1er objet qui se vendre par la publicité en catalogue et sur les affiches. On organise la publicité à l’entrée des universités à la rentrée.

Les pages de titre communiquent le nom de l’auteur, le titre de l’ouvrage mais parfois on dupe l’acheteur sur le nom de l’auteur.

Ex : l’on sait que Voltaire est un auteur prolifique parfois les éditeurs impriment sur les pages de titre M. V*** alors que c’est un faux.

Ex de publicité : Institution de la religion chrétienne de Calvin en 1536. Sur la page de titre l’on peut lire un couplet publicitaire et l’adresse du libraire.

Les textes deviennent également matériellement plus lisible.
Au début, on imite l’écriture manuscrite mais rapidement des les années 1470/80 pour des raisons d’économie, on simplifie les caractères typographiques.

On choisit une écriture unique :
En France l’on choisit l’écriture romaine, toujours usitée à ce jour. En Allemagne, l’on choisit le gothique. L’on standardise les caractères, on supprime les abréviations car il n’y a plus besoin d’aller plus rapidement dans la copie.
On rend les caractères plus lisibles en ôtant les fioritures et les ligatures entre les lettres.
Ainsi l’écriture est plus claire à lire.

La structuration du texte se modifia également. On n’utilise plus la rubrication, pour changer d’idée l’on fait des alinéas, des titres de chapitres, des paragraphes numérotés, des sauts à la ligne. On utilise des caractères gras, des majuscules, des minuscules, des sous-titres et des manchettes dans les marges résumant l’idée des paragraphes.

L’on peut dès lors feuilleter le texte grâce aux index, à la table des matières. L’on peut survoler un ouvrage pour chercher une information spécifique.



L’imprimerie conçue comme un simple outils technique plus rapide et de reproduction identique ouvre en 2 ou 3 générations la possibilité de lire et transforma les livres, fit circuler une grande quantité de texte.
Elle fit évoluer l’image du texte et de la lecture. Elle diminua la fatigue visuelle et la concentration nécessaire pour lire. Elle changea les usages de ces textes, les pratiques de la lecture et les lecteurs.
Anne-éli
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