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Gratien renonce à revêtir le vêtement du Pontifex Maximus

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Gratien renonce à revêtir le vêtement du Pontifex Maximus Empty Gratien renonce à revêtir le vêtement du Pontifex Maximus

Message  Agnes Sam 12 Déc - 16:35

« Gratien renonce à revêtir le manteau du Pontifex Maximus », extrait de l'Histoire Nouvelle de Zosime

Introduction

Le texte que je vais commenter est un extrait de l'Histoire Nouvelle de Zosime.
Concernant l'auteur, Zosime : sa vie nous est presque totalement inconnue, et le peu de choses que nous savons à son sujet sont des renseignements que nous pouvons déduire soit de son oeuvre, soit d'allusions faites dans les écrits d'autres auteurs. Ainsi, d'après une notice écrite par le patriarche Photios, nous savons qu'il est avocat du fisc travaillant comme fonctionnaire du trésor impérial, et qu'il possède le titre de « comes », c'est-à-dire de « comte ».De l'oeuvre de Zosime elle-même, nous pouvons déduire qu'il est né dans la seconde moitié du Ve siècle (probablement vers 460) ; nous pouvons aussi dire des connaissances qu'il a de Constantinople qu'il a passé une partie de sa vie dans cette ville, que c'est un homme qui semble avoir une importante culture littéraire, et qu'il était un païen convaincu.
Cette dimension religieuse a son importance puisque c'est elle qui fait l'originalité de l'oeuvre de Zosime. En effet, si les datations concernant la vie de Zosime mentionnées plus haut sont exactes, celui-ci est donc un auteur païen dans un période où le paganisme est interdit dans l'empire depuis la législation de Théodose à ce sujet en 391-392. Cependant, c'est aussi à cause de l'imprégnation du paganisme dans sa pensée que la fiabilité de ses écrits est régulièrement remise en question par les historiens, notamment lorsqu'il s'agit de parler des empereurs chrétiens.

L' Histoire Nouvelle est semble-t-il son seul et unique ouvrage. D'après les connaissances qu'il a de certains sujets et d'après la diffusion de son oeuvre, là encore à travers les allusions faites par d'autres auteurs, la rédaction de cet ouvrage peut être située après 498 ainsi que dans le premier tiers du VI e siècle, c'est-à-dire approximativement sous le règne de l'empereur Anastase Ier (règne 491-518). Il n'est donc pas contemporain de la plupart des faits qu'il décrit.
Cet ouvrage est composé de six livres (dont le dernier est inachevé) s'étendant chronologiquement du règne d'Auguste à l'année 410. Zosime s'attache donc ici à décrire l'histoire de l'empire romain et donc son apogée mais aussi et surtout son déclin.
Ce document est issu du livre IV de l' Histoire Nouvelle, consacré aux années 364-395, et recouvrant donc les règnes de Valentinien Ier, Valens, Gratien, Valentinien II et Théodose Ier. Jusqu'au chapitre 24 de ce livre, le récit de Zosime est parallèle à la période traitée dans l'oeuvre d'Ammien Marcelin ; passé ce chapitre, Zosime devient une source profane isolée pour la période exposée et possède donc un intérêt historique particulier.
Ce texte est un récit historique extrait du chapitre 36. Il concerne ici un épisode du règne de l'empereur Gratien, à savoir son refus lors d'une cérémonie de revêtir le manteau de grand pontife, événement allant donc à l'encontre de la tradition païenne de l'empire. Ce chapitre intervenant à la suite du récit de la mort de Gratien, il s'agit donc d'une digression de la part de l'auteur.
Compte-tenu de l'importance du paganisme dans l'oeuvre de Zosime, cet événement peut donc être perçu comme étant d'une grande importance, et nous amène à la problématique:
En quoi ce texte se présente-t-il comme un véritable pamphlet de la part d'un auteur païen contre le christianisme?
Nous verrons dans un premier temps en quoi cet événement est d'une importance majeure dans l'histoire du paganisme ; puis nous observerons de quelle manière l'auteur s'en sert pour développer une propagande anti-chrétienne.

Développement

I- Un événement majeur de l'histoire du paganisme
1) Le titre de pontifex maximus
2) L'originalité du refus de Gratien
3) Des lacunes importantes

II- Une propagande anti-chrétienne
1) Des empereurs chrétiens présentés d'un point de vue défavorable
2) Une prophétie adressée à Gratien
3) Un providentialisme païen


I- Un événement majeur de l'histoire du paganisme

1) Le titre de Pontifex Maximus

Le collège pontifical dont il est question dans ce texte (comme on peut le voir l.2 « les pontifes ») désignait l'un des quatre grands collèges sacerdotaux de la religion païenne romaine. Etymologiquement (même si rien n'est sûr de ce côté là), le terme de « pontifex » signifie « qui fait le pont » ; les pontifes sont depuis Jules César au nombre de seize, nommés à vie et recrutés par cooptation aussi bien parmi les patriciens que les plébéiens. Sous l'empire, ces pontifes avaient peu de pouvoir politique réel mais bénéficiaient d'un rang social élevé.
À la tête du collège pontifical se trouvait le Pontifex maximus, ou grand pontife, qui portait ainsi le titre le plus élevé de la religion romaine et surveille les activités des autres pontifes.

La dénomination de Pontifex Maximus se résumait en trois aspects:
- tout d'abord c'est un titre, une dignité (l. 4-5 « les empereurs jusque-là avaient reçu cette dignité et avaient semble-t-il porté ce titre ») qui faisait regarder comme sacrée la personne qui en était revêtue
- ensuite c'est une autorité, qu'il pouvait exercer sur tous les prêtres de ce collège (mentionnés l.11) et sous laquelle lui revient la surveillance des cultes
- enfin, c'est un ensemble de fonctions, qui consistaient principalement à diriger des cérémonies religieuses et offrir des sacrifices aux dieux. Il intervient dans le recrutement des prêtres, avec droit de présentation pour les collèges élus par le peuple (Augures, Pontifes, Quindécemvirs sacris faciundis, Féciaux). Il nomme aussi directement toute une série de prêtres et préside au recrutement des vestales. Enfin, il veille à la consultation des livres Sibyllins et à l'organisation des jeux séculaires
La nomination du Grand Pontife semble liée, dans ce texte, à un vêtement, mentionné à trois reprises : l.2 « le vêtement sacerdotal », l.9 « les pontifes eurent apporté le vêtement à Gratien », ou encore l.11 « le manteau une fois rendu aux prêtres », ce qui peut donc laisser penser qu'il y a un vêtement spécifique à la charge de Pontifex Maximus.
Il est même appelé l.10 « cet attribut », ce qui peut laisser penser que ce vêtement a même une importance particulière, une valeur symbolique. Il est aussi mentionné qu'il s'agit d'une coutume (l.9) : il semble donc faire partie intégrante du déroulement de la cérémonie.
Cependant, aucun texte ancien ne fait état d'une tenue spéciale de Pontifex Maximus, différente de celle des autres pontifes. Zosime est le seul à mentionner ce vêtement. La plupart des historiens pensent qu'il s'agit simplement d'une toge prétexte, mais cela reste une supposition puisqu'aucune source ne permet de vérifier et donc d'illustrer ce propos.

Depuis Auguste, cette nomination en tant que grand pontife concernait chaque empereur, comme on peut le lire l.4.
Il est mentionné aussi ligne 1 « au moment où chaque prince parvenait au pouvoir suprême »
En effet, il s'agit là d'une procédure ancienne et traditionnelle qui s'appliquait quand les empereurs
- soit accédaient à la titulature impériale, en étant à Rome
- soit peu de temps après cette accession, et ce en se rendant à Rome
En effet, les empereurs pouvaient porter le titre de Pontifex Maximus n'importe où, mais ils devaient se trouver à Rome pour pouvoir en recevoir et exercer l'autorité

Cette cérémonie était donc d'une importance particulière puisque mettant ainsi en scène l'empereur. Il s'agissait donc aussi bien d'une cérémonie religieuse que politique, qui devait donc être d'une grande importance, ce qui rend le refus de Gratien d'autant plus surprenant.

2) L'originalité du refus de Gratien

Tous les empereurs romains depuis Auguste ont reçu le manteau et donc la dignité de grand pontife, comme on peut le voir à la ligne 4: « tous les empereurs jusque là avaient reçu cette dignité »
Zosime insiste particulièrement sur le fait que même les premiers empereurs chrétiens ont accepté cette tradition païenne, comme on peut le lire lignes 5-6: « même lorsque la monarchie revint à Constantin », et par la suite l.7-8 « les autres agirent de même après lui, ainsi que Valentinien et Valens ». Beaucoup d'historiens ont remis en question cette affirmation de Zosime ; cependant, ces propos ont pu être confirmés récemment par l'épigraphie, avec la découverte de trois inscriptions (regroupées dans le Corpus Inscriptionarum Latinorum), désignant comme Pontifex Maximus les empereurs Constantin, Constance II, Valentinien Ier et Valens.

Compte-tenu du fait que, comme l'explique Zosime, même les empereurs chrétiens qui l'ont précédé accepte ce titre de grand pontife, le refus de Gratien apparaît d'autant plus étonnant et original.
Avant tout, quelques éléments biographiques concernant Gratien:
Flavius Gratianus (règne: 367-383) est le fils de l'empereur Valentinien Ier, qui le proclame Auguste dès 367. Nous pouvons d'ailleurs signaler au passage qu'il existe à Rome une inscription datée de 369, où il est indiqué que Gratien porte conjointement avec son père le titre de Pontifex Maximus. Ce refus n'est donc pas ne correspond donc pas à la volonté nouvelle d'un empereur arrivant au pouvoir, mais bien à un changement de politique de sa part.
En effet, il succède à son père dès 375, se retrouve donc à l'âge de 16 ans quasiment seul maître de l'Occident, et mène au début une politique conciliatrice avec les païens, notamment vis-à-vis d'institutions impériales comme le Sénat ou l'armée.
Il est donc impliqué dans une politique de tolérance, de par l'influence que les païens conservent au sein de la société romaine. Cet acte de refus correspond donc à un revirement total de sa part.

Les motivations de cet acte ne sont pas connues. Cependant certains historiens mettent en avant la probable influence de certains membres chrétiens de l'entourage de Gratien.
Il est dit ligne 9 « il écarta leur demande, regardant cet attribut comme interdit à un chrétien »
Gratien était en effet chrétien et avait reçu, comme ses prédécesseurs, une éducation chrétienne, due à son précepteur, Ausone. De plus, il vit à Milan (qui est la ville où se trouve la résidence impériale) et était donc proche de son évêque, Ambroise de Milan. Gratien a également pu rencontrer le pape Damase Ie, probablement lors de sa venue à Rome en 376. Enfin, la plupart des historiens pensent aussi à l'influence de Théodose Ie, qui règne sur l'Orient, et qui a lui aussi refusé le titre de Pontifex Maximus.
Ces influences restent cependant des conjectures. Toujours est-il que Gratien est le premier empereur à se départir décisivement de la tolérance que ses prédécesseurs ont témoignée au paganisme en refusant ce titre de pontifex maximus, titre qui ne sera d'ailleurs plus porté jusqu'en 642, où il sera repris mais cette fois par un pape, donc avec un sens chrétien.
Cet événement marque donc la fin du grand pontificat païen.
Ce refus fait partie d'un certain nombre de mesures prises par Gratien allant à l'encontre du paganisme datées des années 382-383, que je mentionne ici puisque rien n'indique à partir du texte de Zosime que le refus de Gratien soit antérieur ou postérieur à ces mesures.
L'absence de chronologie fait en effet partie des lacunes importantes du texte de Zosime.


3) Des lacunes importantes

L'auteur laisse dans son récit certaines lacunes importantes.
Tout d'abord, nous pouvons nous interroger sur la date et le lieu des événements. Concernant le lieu, il n'est pas indiqué, mais comme je l'ai dit plus haut, on peut penser qu'il s'agit de Rome.
Concernant la date, aucune chronologie n'est indiquée.
Le texte dit ligne 1: « au moment où chaque prince parvenait au pouvoir suprême » : on peut donc en déduire que Zosime situe cette action au début du règne de Gratien, au moment de son avènement, c'est-à-dire en 375. Cependant, encore une fois, la cérémonie durant laquelle l'empereur est nommé grand pontife doit avoir lieu à Rome.
Or, la présence de Gratien à Rome n'est attestée qu'en juillet 376 ; il est donc possible que le refus ait lieu à ce moment là, c'est d'ailleurs l'hypothèse de François Paschoud.
Cependant, certains historiens modernes tels que Chastagnol ou Lippold pensent à l'année 379, correspondant à une rencontre entre Théodose et Gratien.
D'autres comme JR Palanque songent à 382, date à laquelle Gratien se rend à Rome sous l'influence d'Ambroise de Milan, afin entre autres d'enlever l'autel de la victoire de la curie Julienne, et de supprimer le budget des cultes païens.
Enfin, la date de 383 est également avancée par des historiens comme Alan Cameron.
Il y a donc un certain nombre de controverses concernant la datation de cet événement, absence de chronologie qui est surprenante dans un ouvrage qui se veut être un récit historique.

De plus, cette fois en regardant le récit du règne de Gratien par Zosime d'un point de vue plus général, nous pouvons constater que s'il parle du refus de Gratien de porter le vêtement de Pontifex Maximus, il ne mentionne pas en revanche les autres mesures majeures prises par Gratien contre le paganisme à savoir par exemple le retrait de l'Autel de la Victoire du Sénat ou encore la suppression des subventions et de l'immunité fiscale des prêtres de Rome et des Vestales. En n'évoquant que cet épisode du refus de Gratien, nous pouvons voir qu'il y a une volonté de le mettr en avant, et que donc il revêt une importance particulière pour l'auteur

La description des faits ne semble donc pas ici anodine ; elle est même très orientée de la part de l'auteur. Il s'agit donc de voir à présent quelles en sont les justifications.

II- Une propagande anti-chrétienne

1) Des empereurs chrétiens présentés d'un point de vue défavorable

Les empereurs chrétiens d'une manière générale sont vus par Zosime d'un point de vue extrêmement négatif, comme les lignes 5 à 7 peuvent le laisser entendre: « même lorsque la monarchie revint à Constantin, et cela bien qu'il se fût éloigné du droit chemin et ait adopté la foi des chrétiens »
A titre indicatif: Constantin, dans les passages de l'Histoire nouvelle qui lui sont consacrés, est perçu comme l'empereur qui trahit la foi de ses ancêtres en étant le premier prince converti au christiannisme.
De la même manière, les empereurs suivants, notamment Constantin II, Constant et Constance II sont présentés sous un jour défavorable, avec plus de revers que de succès et avec des morts pas spécialement glorieuses.
Zosime semble donc décrire, à travers le déclin des empereurs la déchéance du paganisme à venir, l'amenant ainsi jusqu'à Gratien, qui inaugure une politique d'intolérance envers les tenants des cultes traditionnels. Le refus de revêtir le vêtement de Pontifex Maximus en fait partie, puisque Gratien est le premier empereur d'Occident à refuser cette dignité, comme nous l'avons vu.
C'est une manière pour lui de prendre ses distances envers le paganisme puisqu'il dissocie le pouvoir impérial de sa composante religieuse. Il retire donc au pouvoir impérial le fait d'être la clef de voûte de la religion traditionnelle romaine ; on peut donc dire qu'il sécularise le pouvoir impérial.
Gratien, par la politique religieuse qu'il applique est donc perçu par Zosime comme l'un des principaux responsables de la fin du paganisme, à la suite de Constantin qui l'a érigée en religion d'Etat romaine.

Gratien ayant, aux yeux du païen qu'est Zosime, trahit la religion traditionnelle romaine, il est donc considéré comme un sacrilège, et doit donc être puni.

2) Une prophétie adressée à Gratien

Cette punition intervient sous la forme d'une phrase ambiguë aux lignes 12-13 « le premier en rang parmi eux aurait dit : 'si l'empereur ne veut pas être appelé pontife, que devienne pontife Maxime ' »
Cette phrase est prononcé par un des prêtres comme on peut le lire ligne 11-12 : « le premier en rang parmi eux ». Le fait que ce prêtre soit désigné comme « le premier » peut donc laisser entendre qu'il a une certaine importance ; on peut donc supposer qu'il s'agit vraisemblablement du promagister, sorte de vice-président de ce collège, élu pour un an et qui remplaçait le grand pontife quand celui-ci n'était pas à Rome.

Cette phrase fonctionne comme un jeu de mots, jouant sur l'ambiguïté du terme « Maxime ». En effet, celui-ci désigne bien évidemment le qualificatif de « maximus » attaché au titre impérial de « pontifex ». Seulement, il désigne aussi le personnage de Maxime, général d'armée qui usurpe le trône à partir de 383, et qui est donc responsable à la fois de la chute mais aussi de la mort violente de Gratien.
Cette phrase peut donc être vue comme une référence de la part de l'auteur à l'assassinat près de Lyon de Gratien par le commandant de cavalerie Andragathios sur ordre de Maxime.
Ce jeu de mot de l'auteur fonctionne donc véritablement comme une prophétie annonçant la mort de Gratien et avènement de l'usurpateur Maxime. Cette mort violente par assassinat en pleine jeunesse alors que Gratien n'a pas encore d'héritier résonne donc comme une forme de punition divine pour le sacrilège du refus de porter le manteau de Pontifex Maximus.

3) Un providentialisme païen

Cette prophétie prend également tout son sens lorsque l'on sait que ce texte du refus de revêtir le vêtement de grand pontife suit dans l'Histoire nouvelle le récit de l'assassinat de Gratien . Cette prophétie justifie donc ce chapitre 36, qui semblait à l'origine n'être qu'une simple digression ; il y a donc bien une harmonie entre le jeu de mot de la prophétie et la mort de Gratien.

En cherchant à mettre en évidence des rapports de causalité comme celui-ci, Zosime introduit ici la notion de providence, une providence en l'occurrence païenne.
Zosime convainc ici le lecteur d'une proximité entre crime et châtiment, et ce d'autant mieux qu'il n'y a aucun repère chronologique : cette notion de providence concernant Gratien permet donc d'expliquer les lacunes chronologiques relevées plus haut.
De même, l'auteur oublie des événements aussi importants que le retrait du budget et l'autel de la Victoire mais cela met en évidence quelque part, comme marque d'impiété capitale de Gratien le refus du grand pontificat.

L'auteur atteint donc son but de créer un thème de propagande historique païenne en violant le moins possible la vérité historique, grâce à l'imprécision chronologique et un artifice de composition en commençant par raconter la fin de Gratien, puis en y faisant un appendice en parlant de la fin du grand pontificat païen
Il adapte ainsi à sa manière un épisode de l'histoire religieuse romaine et interprète polémiquement les destinées de l'empire dans un but de propagande anti chrétienne, répondant ainsi quelque part aux exégèses partisanes chrétiennes mis à la mode à cette époque et propagés par des auteurs tels qu'Augustin ou encore d'Eusèbe de Césarée.



Conclusion

Zosime a clairement exprimé la raison pour laquelle il s'est mis à écrire, en mentionnant en tête du premier chapitre de l'Histoire nouvelle l'auteur Polybe, que Zosime semble ériger en modèle. En effet, de même que Polybe a consacré son oeuvre à décrire le développement extraordinaire de la puissance romaine, Zosime souhaitait ici montrer de quelle manière l'empire a tout aussi rapidement décliné, et ce avec le déclin du paganisme.
D'une manière générale, l'oeuvre de Zosime a longtemps été considéré dans l'historiographie comme n'étant pas une source très fiable, de par ses nombreuses inexactitudes, le tout orienté par un discours polémique.
Cependant, cette propagande anti-chrétienne reste toujours basée sur un fond de vérité historique, confirmée par la suite par l'épigraphie comme nous avons pu le constater.
L'Histoire nouvelle de Zosime est donc une source précieuse de l'Antiquité tardive, puisqu'elle permet de traiter des périodes pour lesquelles il n'existe aucune autre source parallèle. En l'occurrence ici, elle est la source littéraire ancienne la plus détaillée concernant Gratien et notamment sur la fin de son règne.
Son importance est valable aussi bien pour les aspects purement évenementiels, que pour ce qui est de l'histoire des idées : en effet, Zosime présentant son oeuvre comme une interprétation païenne de l'histoire de l'Antiquité tardive, il nous renseigne donc sur l'idéologie, la pensée païenne de son époque dans l'empire romain.

Agnes

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