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le recrit d'Hispellum

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le recrit d'Hispellum Empty le recrit d'Hispellum

Message  Aurore Mer 9 Déc - 10:08

Le rescrit d'Hispellum est également appelé rescrit de Constantin. On peut lire le texte sur une longue inscription de la ville ombrienne de Spello (l'ancien Hispellum). Cette inscription fut découverte en 1733 et elle fut examinée de façon plus ou moins appronfondie à plusieurs reprise depuis que Theodor Mommsen, en a définitivement établi l'authenticité .Theodor Mommsen (1817-1903) , est un historien allemand, et le plus influent spécialiste de la Rome antique du XIXe siècle. Il est l'auteur d'une monumentale Histoire romaine et d'un Corpus inscriptionum latinarum encore actualisé et mis à jour.
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Ce rescrit est un subscriptio c'est à dire une réponse à une pétition ou seule la réponse de l'empereur est inscrite.
L'auteur de cette traduction est Jacques Gascou, créateur de la collection les inscriptions latines narbonnaises qui s'est donné pour objectif de publier toutes les inscriptions latines connues à ce jour

A la vue de ce document,Il est possible de se demander en quoi le rescrit d' Hispellum montre l'importance du culte impérial sous Constantin et quelles ambiguités montre t'il quant à la personnalité de l'empereur ?
Dans un premier temps , nous nous intéresserons au rescrit à proprement parler. Nous verrons que sa datation est problématique et quels en sont les auteurs. Ensuite, nous analyserons ce qui pousse les auteurs à solliciter l'empereur c'est à dire l'objet de la demande des auteurs et que cette demande est liée aux traditions. Enfin , nous verrons la réponse que Constantin apporte c'est à dire une réponse sous conditions et les ambiguités qu'elle apporte.

I- Le rescrit
a-) Une datation dificile
Le recrit n'étant pas daté , plusieurs historiens ont tenté de le situer à partir des noms présents sur le rescrit. Ainsi ligne 1 à 4, nous voyons les noms de l'empereur César Flavius Constantin, très grand, Germanique, Sarmatique, Gothique , vainqueur , triomphateur, Auguste : il s'agit ici de Constantin; fils de Constance Chlore et d'Helene, empereur de 303 à 337. Flavis Constantin ( Constantin II) Flavius Julius Constance (Constance II) et Flavius Constant sont ses trois fils.
Constantin le jeune était césar depuis 317 et Constance depuis 324. Constant fut nommé César en 333, le recrit se situerait donc donc aux alentours de cette date.
Desseau a daté l'inscription entre 333 et 337 : les trois fils de Constantin étant Césars , et le dernier, Constant ayant été promu à ce titre le 25/12/333 , l'inscription serait postérieur à cette date et antérieure à la mort de Constantin le 22 mai 337.
A. Piganiol propose 333-335 puisque Flavius Delmatius , le fils du demi frère de Constantin fut désigné César le 18 septembre 335 et qu'il n'est pas nommé sur l'inscription. Or, il serait étrange que Delmatius n'ait pas été mentionné si il était César lors de la date de l'inscription.
L'auteur J. Gascou propose une date de rédaction en 337 et une gravure après le 9 septembre 337 avec à l'appui les arguments suivants : les trois fils de Constantin sont nommés sans titre , ni de César, ni d'Auguste. Or ils furent Auguste tous les trois en 337 et il aurait été impossible de donner ce titre à la fois à Constantin et à ses trois fils. Voilà pourquoi ils n'ont pas de titre.
Malgré ces problèmes de date, il n'y a aucune hésitation quant à la nature du document: c'est un rescrit et plus particulièrement une pétition.



a) Les pétitionnaires

Les pétitionnaires sont les habitants de la ville d'Hispellum, en Ombrie.
Hispellum au moment de la pétition était certainement une des villes les plus considérables d'Ombrie. Elle fut érigée en colonie par Auguste est son importance est reconnue par Constantin de la ligne 5 à 8 il la mentionne faisant partie de : « toutes les villes, que leur éclat et leur beauté distinguent au regard de toutes les provinces et de toutes les régions, »Il apparaît qu' à l'époque ou fut adressée la pétition à Constantin , Hispellum était unie dans une fédération religieuse avec d'autres villes qui ne sont pas mentionnées ici., ainsi qu'avec la ville de Volsinies qui apparaît l13. Il y avait également un lien politique car Sous Dioclétien , on avait procédé à une provincialisation de l'Italiee t la Tuscie et l'Ombrie constituaient une province double. Dans cette association, c'est la Tuscie qui jouait un rôle dominant car c'est en Tuscie que rédidait le gouverneur et qu'avait lieux les conseils.Il se pourrait que la demande n'émane pas seulement des habitants d'Hispellum mais de plusieurs représentants des villes ombriennes les plus importantes.
Les habitants d'Hispellum sollicent donc par ce rescrit une autorisation impériale.

La sollicitation impériale

b) L'objet de la demande


Les habitants d'Hispellum demandent plusieurs choses. D'abord lignes 10 à 16 « qu'il soit accordé à leur prêtre de n'être plus obligé de se rendre à Volsinies pour célébrer les jeux […] et qu'il leur soit donné une dénomination tiré du nom de l'empereur.
Pq ne plus se rendre a Vosinies ?
VOLSINIES : était une des plus vieilles et des plus riches cités de la confédération tyrrhénienne. Elle bénéficiait d'un territoire remarquablement bien défendu par la nature : au nord, la protection de la chaîne de l'Amiata, à l'est le Tibre et la Paglia et une forteresse naturelle constituée par un rocher et qui abrite aujourd'hui la ville d' Orvieto, au sud , les monts Ciminiens et Sabatins et à l'Ouest le territoire montagneux de la ville voisine Tarquinies. Elle était un lieu de réunion étrusque. Les habitants d'Hispellum expliquent le problème à l'empereur de la ligne 14 à 18: 'à cause du « terrain montagneux » l 14 et « de la difficulté des chemins forestiers » l 15, leur prêtre ne souhaite plus se rendre dans la ville voisine de Volsinies. Ils demandent donc à être épargnés de ce pénible voyage et de pouvoir rendre leur culte à l'empereur sans avoir à faire le long chemin qui séparait Hispellum de Volsinies (70 km). Ils invoquent également leur proximité de la voie Flamninienne, l19 axe majeur de circulation alors qu'il n'y a pas d'axe est-ouest entre Volsinies et Hispellum.
Ils demandent également « que se dresse dans cette cité un temple de la famille flavienne  » lignes 20-22. Cela montre leur souhait de vouloir rendre un culte à l'empereur et à sa famille.
Ces demandes du peuple d'Hispellum proviennent d'anciennes traditions.
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a) lié aux tradition
L10 , on voit que les Ombriens entretenaient depuis longtemps des relations étroites avec les etrusques sur le plan religieux notamment« ils affirment être unis à la Tuscie de telle façon que en vertu d'une ancienne tradition, sont chaque année élus […] par eux et les susdits Tusciens des prêtres qui donnent à Volsinies […] des jeux scéniques et des combats de gladiateurs. »:
Ces relations peuvent s 'expliquer par une tradition qui remonte au début de l'empire.Il y avait douze peuples étrusques réunis dans une fédération religieuse qui envoyaient un représentant chaque année à Volsinies pour célébrer des jeux et pour tenir leurs conseils. Hispellum en faisait partie.
Deux prêtres étaient élus chaque année un par ombriens l'autre par etrusques pour organiser des représentations dramatiques, des jeux de gladiateurs à Volsinies.
Ces jeux étaient une manifestation du culte impérial et une preuve de loyalisme envers la famille impérial. On organisait également ces jeux pour rendre hommage à la déesse étrusque Voltumna, une divinité chtonienne de la terre .En effet, aux alentours de Volsinies se trouvait le fanum Voltumnae considéré comme un sanctuaire national étrusque et dédié à la déesse. 

Les ombriens demandent à Constantin de bien vouloir accorder à Hispellum cité ombrienne un nom tiré de l'empereur ou d'un des Cesars , une manifestation claire du culte de la gens flavia.

III- La réponse de Constantin
L'empereur accède à la requête en leur accordant sa «  bienfaisance »
Constantin favorise Hispellum à la demande des Ombriens L29 «  nous avons aisémment accordé notre consentement à cette requête et à votre désir 
Un accord sous conditions
« Nous avons en effet concédé à la cité d'Hispellum une dénomination de sorte qu'à l'avenir, ladite ville s'appellera Flavia Constans. » L28. Ce nouveau nom de ville semble être donné en l'honneur d'un membre de la famille impériale. C'est un hommage rendu à Constant, car Constans est le second cognomen du plus jeune fils de Constantin, nommé césar en 333. En 335,il reçoit en partage, du vivant de son père, les diocèses d'Illyrie, d'Afrique et d'Italie où se trouvent Hispellum et Volsinies. La ville étant donc de son ressort, il est compréhensible qu'elle porte son nom
En plus de se poser comme le bienfaiteur d'Hispellum, Constantin leur impose un nom dynastique, la famille flavienne devient en sorte le deuxième fondateur de la ville. Cela montre une volonté de renforcement du pouvoir impérial et surtout un ancrage de la dynastie de Constantin ce qui fait que le culte impérial prend une dimension encor eplus importante.
L29 à 33, Constantin exprime le souhait « qu'en son sein soit menée […] la construction d'un temple de la famille Flavienne, c'est à dire [ la sienne] comme [ ils le désirent] mais à la condition que'il ne soit pas souillé par le crime d'aucune superstition contagieuse ».On avait vu Il donne son accord pour que soit construit un temple pour le culte de la famille impériale est encore uen fois sous condition. Nous allons revenir sur ce point dans la seconde sous partie.
L35 à 37, il donne son accord quant à l'organisation des jeux dans la cité d'Hispellum mais à la condition que des jeux aient également lieu à Volsinies. Cette décision amène à se poser des questions quant aux motivations des gend d'Hispellum : est ce que leur demande est en fait d'organiser un an sur deux des jeux à Hispellum ou d'organiser un culte en parallèle de celui de Volsinies? La dexième explication semble plus probable. Il précise bien que les cérémonies à Volsinies doivent etre celebré par des prêtres élus en Tuscie


qui revele des ambiguités
Constantin souhaite que le temple dédié au nom des Flaviens ne soit « souillé par le crime d'aucune superstion contagieuse » ligne «33. L'interprétation ici est difficile : on ne sait pas si Constantin parle des rites païens ou des rites chrétiens. Un historien, V. Duruy soutient que ce sont les rites chrétiens qui sont concernés puisqu'à la date du recrit c'est le christianisme qui gagnait du terrain.De plus, l'empereur jusqu'à Gratien reste le chef de la religion païenne, il porte ainsi le titre de pontifex maximus. Or Constantin porte souvent ce titre sur les inscriptions, en particulier sur une qui date des derniers mois de sa vie. Mais on peut penser que Constantin encourage le culte impérial mais d'une façon épurée, débarassé des pratiques archaïque du sacrifice qui choquent les chrétiens.
Autre contradiction :
Les cérémonies à Hispellum et à Volsinies consistent en des « jeux » ligne17 que l'Ombrie donnerait annuellement « un spectacle comprenant à la fois des jeux scéniques et des combats de gladiateurs ». Cela pose une contradiction avec la politique de Constantin. On dit qu'il avait interdit les combats de gladiateurs (du moins, il a prononcé l'interdiction de la gladiature pour les condamnés en 335 et préfère les condamner aux mines) mais en tant qu'empereur , il ne pouvait pas les supprimer puisque cela faisait partie intégrante des cérémonies par tradition.

Ces contradictions nous amènent à nous questionner sur ce qui amène Constantin et encourager et autoriser le culte impérial alors qu'en même temps il dit l 38 « il apparaîtra certes ainsi que l'on a pas porté une énorme atteinte aux anciennes institutions », ce qui implique qu'il veut le restreindre et qu'il semble vouloir orienter vers le christianisme.


Pour conclure , nous pouvons dire que ce document montre l'importance du culte impérial en Ombrie dans les années 337 puisque les habitants demandent une intervention de l'empereur pour pouvoir lui rendre un culte ainsi que la construction d'un temple dédié à la gens flavia. Or Constantin donne son accord sous des conditions qui montrent qu'il se détache peu a peu des rites impériaux mais sans toutefois toucher aux traditions du peuple d'Hispellum, seulement en imposant une condition qui paraît minime mais qui laisse supposer que Constantin souhaite stopper les rites paiens comme le sacrifice. Cela pourrait apparaître comme un prémisse de fin progressive du paganisme dans l'empire romain.
Aurore
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