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Sociologie historique de la lecture

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Sociologie historique de la lecture Empty Sociologie historique de la lecture

Message  Anne-éli Sam 24 Oct - 14:05

Sociologie historique de la lecture


Qui lit quoi et comment ? Il y a 4 lectorats à prendre en considération : les notables, les femmes, les enfants et les lecteurs populaires.

Au fur et à mesure que la compétence de lecture s’élargit, plus les contenus se diversifient. On ne lit plus de la même façon et les pratiques de la lecture de ceux qui savaient lire se modifient.

I- les lectures des notables

Les lectures des notables sont des lectures cultivées et ces derniers ont les moyens d’avoir le choix de leurs lectures.

A- « les professionnels de l’écrit » XVIe - XVIIIe

Ce sont des gens rentrés précocement dans la culture écrite et livresque dès la fin du Moyen Age. Ils se définissent comme des gens d’études (hommes). Ils ont fait des études supérieures, leur ascension professionnelle s’appuie sur la lecture. Ils cherchent le savoir et l’autorité dans les livres. Ils les respectent car ils sont un symbole de leur autorité et de leur prestige : le clergé, les juristes, les magistrats, les notaires, les hommes d’administration, les médecins et les enseignants (minoritairement). Ils ont un niveau d’études élevé et seraient à notre époque de l’équivalent de cadres supérieurs. A la naissance de l’imprimerie, ce sont les seuls à posséder des livres (selon leurs moyens financiers). Ils ont l’habitude des livres et s’en procurent et s’en servent. 80% d’entre eux ont une bibliothèque et accumulent génération après génération des ouvrages parfois en abondance.
Ce sont de gros lecteurs, qui élaborent des collections, c’est une part de leur patrimoine car souvent l’on fait le même métier que son père.

Diapo : les savants se font représenter avec leurs livres comme source de savoir et d’autorité.

(fascicule)

1. Les conditions de lecture :
Ils ont une accessibilité maximale à toute l’offre. Ils ont tous une demeure citadine et donc accès aux librairies et se procurer plus facilement des livres. Leur profession est très lucrative.
Ils sont dans un milieu formé d’hommes qui ont les mêmes goûts et ils se prêtent des ouvrages ce qui élargit leur choix.
Cependant, ils ne lisent pas n’importe quoi. Ils ont un certain formatage intellectuel. Il y a les auteurs et il y a les autres. Ils ont une culture classique. Ils ont un discernement dans leurs lectures. Pour eux, leurs lectures sont leur image de marque. Ils s’affichent. Le meuble de bibliothèque est dans un salon de réception. Ils entretiennent bien leurs livres et sont attachés à la qualité matérielle c’est « le bon et beau livre ».

2. Ils ont des lectures sérieuses et légitimes :
Ce sont d’abord des livres professionnels. C’est un outil de travail, des traités etc. Ce sont des éléments d’autorité. Ils doivent avoir des ouvrages de références professionnelles pour impressionner leur clientèle et leurs relations.
On lit sérieusement pour travailler. Ce sont également des lectures religieuses jusqu’à la fin du XVIIIe. La religion est très présente : livres de prières, livres de théologie, la Bible dans différentes éditions.
C’est une lecture du savoir, de la méditation, ce n’est pas du divertissement.
Il y a un peu de littérature mais ce sont des classiques latins (ils pratiquent tous couramment le latin) et pour les ouvrages plus récents, ce ne sera pas des nouveautés, mais uniquement les ouvrages les plus reconnus dans les cercles de lecture qu’ils fréquentent.
Ils vont lire également la presse d’information générale mais sous un régime monarchique absolu, ils suivent essentiellement les affaires publiques.

Mais ont-ils des curiosités ? Un roman populaire ou pornographique ? Peut-être mais nous ne pouvons pas le savoir !

Ils prennent donc la lecture au sérieux et travaillent leur image de lecteur.


Toutes les élites ne sont pas des professionnels de l’écrit.

B- les autres élites lisantes

Ils utilisent la lecture mais ils ne s’en servent que pour le travail.

1. La Cour : Elle bénéficie d’une culture livresque depuis la Renaissance parce que le roi de France est un homme lettré, un mécène et il protège les auteurs et les artistes. Ils cultivent l’image de la personne cultivée. Ils lisent parce qu’ils vivent à la Cour et donc ils lisent les auteurs à la mode et de bon ton. Ils vont lire pour se faire valoir, ainsi, ils abordent beaucoup de nouveautés. Ils achètent des livres pour les montrer, montrer qu’ils ont du goût quand ils reçoivent : on est un seigneur lettré et cultivé. C’est une culture livresque qui est attachée à la culture de cour. C’est une culture du paraître.

2. La noblesse traditionnelle : c’est la noblesse ancienne, militaire dont l’anoblissement vient de faits d’armes depuis le Moyen Age. Elle naît donc des métiers des armes et sa fortune est foncière. Elle méprise la nouvelle noblesse (magistrats, avocats, juriste, négociant, financier etc.) même si cela fait 200 ans qu’elle a acquis ses lettres de noblesse. Elle méprise son mode de vie et sa culture. La noblesse traditionnelle rejette la culture livresque même si elle la maîtrise dans la lecture et l’écriture. Elle use de la lecture et de l’écriture mais ce contente de livres de religion et de généalogie. Elle va jusqu’à se vanter de ne jamais lire. Dans les institutions qui forment cette noblesse, les académies équestres, l’on y apprend la stratégie, la danse, la musique, la poliorcétique et les arts martiaux. Les nobles d’épée sont donc moins équipés en matière de bibliothèque que les autres équipes.

3. Les négociants (le grand commerce) et les financiers (la banque) : c’est une élite qui montent en puissance au XVIIe. Ils viennent de la bourgeoisie et maîtrisent donc l’écriture et la lecture mais leur formation se fait sur le tas au service d’autres négociants ou d’autres banques, ce n’est donc pas une culture livresque. Ils n’éprouvent pas professionnellement le besoin de lire. La lecture est un outil tout comme l’écriture. Ils ont le Parfait négociant, mais n’ont pas de bibliothèque. Ils vont quand même au théâtre et porte beaucoup d’intérêt pour la musique mais ne sont pas conquis par le livre.

Au XVIIIe, il y a un ralliement à la culture livresque de la part de ces élites lisantes. Ils finissent par se calquer sur la culture livresque des professionnels de l’écrit grâce à la culture de la cour et par l’uniformisation de l’enseignement des élites : le collège. On y apprend la culture livresque en lisant Cicéron, Virgil, Corneille, et progressivement toutes les élites s’y mettent.
A la fin du XVIIe et début du XVIIIe, elles finissent par fusionner en fréquentant les mêmes sphères (club, salon) et en se mariant entre elles.

Ainsi au XVIIIe, la culture livresque devient un élément de statut social : avoir une bibliothèque c’est faire partie de l’élite sociale.

Ex : Molière, Le bourgeois gentilhomme. Le nouveau bourgeois fait appel à un maître de diction. Au XIXe, une autre pièce reprend cette idée du nouveau riche : le marchand anobli. Ce nouveau noble y acquiert une bibliothèque.

Toutes les élites ne lisent cependant pas la même chose. Il y a des nuances. La cour lit des nouveautés et les auteurs protégés par le prince. La noblesse d’épée lit des livres d’histoire, des traités d’armoirie etc. Les négociants et les financiers lisent des livres plus modernes, plus facile à lire comme de l’histoire contemporaine sur l’histoire de France ou européenne, des ouvrages de géographie, de voyages mais aussi de la poésie, des romans, du théâtre et des actualités et des divertissements.

Ex : Un notable de Besançon fin XVIIIe.

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L’attitude détendue de ce notable démontre que sa pratique de la lecture est plaisante, il lit pour le plaisir, pour l’agrément. Le fait qu’il se fasse représenter avec des brochés (en bas à gauche) négligemment déposés sur le guéridon montre que c’est un lecteur passionné par le contenu de ses lectures et pas par les objets symboles de son statut social. Par ailleurs, on achetait des brochés que l’on faisait relier pour les conserver.

C- XIXe à mi XXe : notables et bourgeois

1. Un monde de lecture qui s’étend et s’unifie

Un fois la Révolution française passée, un même modèle de la culture livresque unifie les élites. Cependant, c’est toujours une prérogative de l’élite sociale.

Ex : dans les années 1930, c’est environ 6% des garçons qui vont au collège.

Ce modèle de lecture est conditionné par les types de carrière envisagée. Les enseignants rentrent peu à peu dans ce modèle à partir du moment où leur statut se formalise.

La bibliothèque est encore un élément du cadre élégant. On montre, on exhibe, on doit maîtriser le contenu de cette bibliothèque ainsi que le mobilier.

L’on a des moments consacrés à la lecture : on lit le soir. C’est une lecture consciente d’elle-même, c'est-à-dire qu’on s’informe avant d’acheter. On va dans les librairies, c’est un temple du livre. C’est le lieu naturel pour se procurer un livre. On lit les critiques littéraires dans les journaux. C’est une lecture réfléchie et choisie.

2. Quels types de lecture ?

 Quelques livres de religion : catholique ou protestante.
 Des livres professionnels
 De la littérature : la sélection est dominée par les classiques (ils sont reconnus et admis). Il y a peu de naturalistes (Zola) ou de romantiques car ils sont perçus comme subversifs et scandaleux. On s’aligne sur la critique littéraire conservatrice.
 De la lecture politique par le biais de la presse
 De la lecture de curiosité, de vulgarisation de sciences, de voyage.

Globalement, l’unification est transversale sur l’ensemble des élites mais la distinction se fait de nouveau dans les professionnels de l’écrit : ils possèdent plus d’ouvrages et lisent encore plus.

Durant plusieurs siècles, les modèles de lecture sont fixés depuis le XIIIe. L’on marque un premier temps entre le XIIIe jusqu’à la fin du XVIIe. Le livre est perçu comme une source d’autorité, de pouvoir. C’est un rapport studieux au livre dans le but d’accumuler le savoir et l’on montre le livre pour assurer son autorité, puis les autres élites se rallient au modèle des professionnels de l’écrit.

Néanmoins, dans l’uniformisation de la culture du livre, il y a un ajout apporté par les notables : la lecture d’agrément.

Sur toute la période, la lecture est réfléchie, choisie. On ne lit pas n’importe quoi, n’importe comment car on est conscient de l’image que l’on donne de soi par le choix des ouvrages.


II- les lectures populaires

Les lectures populaires sont l’objet de nombreuses questions entre historiens et sources de nombreux fantasmes. Elles sont plus difficiles à quantifier car elles sont peu visibles. En effet, on ne montre pas le peuple qui lit, et les élites ne sont pas intéressées par le sort de ces lecteurs et de leurs représentations.

Lorsque l’on parle de classe populaire l’on parle à la moitié du XVIIIe des ruraux qui représentent 85% de la population française et au XIXe 54%. Cette classe populaire c’est également les citadins comme les artisans, les boutiquiers, les ouvriers et les domestiques.

A- jusqu’au XXe, la lecture est fortement restreinte

1. des conditions concrètes difficiles.

La lecture n’est pas un acte purement intellectuel, on a besoin de temps pour lire ainsi qu’une lumière adéquate et une bonne vue, c’est donc autant d’obstacles.

Le problème principal est le manque de temps. En 1900, l’on voit la première loi du travail qui limite à 60h/semaine le travail dans l’industrie uniquement. Il faut prendre en compte les temps de trajet pour aller et revenir, et les repas. En moyenne, on travaille entre 10 et 14h par semaine. Une fois que l’on est chez soi, l’on dort pour assumer la journée de labeur du lendemain. On n’a pas de loisir, et le temps de lecture serait pris sur le sommeil ou sur le travail (entre deux clients)

Chez les ruraux, c’est les bergers qui peuvent lire quand leurs troupeaux paissent.

On a également besoin d’intimité et de calme pour lire, ainsi que de lumière.

Ex : une famille le soir dans la salle commune.

(fascicule)

On lit dans le bruit de la famille, dans la pièce commune. Il y a un problème de promiscuité, d’éclairage qui gêne les conditions de lecture.

Le problème de la vue est résolu au début du XXe lorsque l’on découvre le procédé de fabrication industrielle de lunettes à bas prix. Cela permet un véritable boom de la lecture populaire.

Ex : l’effort de lecture, le visage près du texte.

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Il y a également un problème de la qualité de la langue de rédaction. L’on écrit dans un français académique et les ruraux souvent parlent un patois ou une langue peu châtiée. C’est la langue du quotidien.

2. un choix limité :

En effet, le problème du choix est défini par différents facteurs dont le plus important est le prix des livres. Ceux qui ont besoin de livres sont également ceux qui n’ont pas de bibliothèques privées ou qui n’ont pas accès aux bibliothèques publiques (pas avant 1860). La solution à ce problème c’est le circuit marchand, mais il est hors de prix également.

Ex : à la fin du XVIII jusqu’au milieu du XIXe, un livre de librairie ordinaire représente entre 3 et 5 jours de salaire, et ce pour des classes populaires, juste au niveau de subsistance, qui ne peuvent se permettre de mettre de l’argent de côté.
Le prix du livre est de quelques livres tournois, puis de quelques francs et le revenu des classes populaires est en sous.

Ils achètent donc des imprimés à bas prix, des brochures mais pas de livres, c'est-à-dire que 5% du catalogue des librairies. Ils ne rentrent donc pas dans les librairies.

Il y a également le problème de l’accessibilité matérielle jusqu’au milieu du XIXe (chemin de fer). Les classes populaires sont très dépendantes du marché de proximité. On n’a pas le temps de se déplacer.
Les citadins ont plus de choix que leur ville leur propose.

Dans les campagnes, c’est le colporteur saisonnier ou le quincaillier du village qui vend des livres, mais il n’y a que peu de choix.

Les classes populaires n’ont pas le choix de ce qu’elles lisent et ce qu’on met à leur disposition.

3. un choix influencé ?

Cela dépendant des lecteurs car dans les classes populaires, il n’y a pas d’éducation du bon goût de la littérature. D’un côté cela permet l’éclectisme, on lit tout !

Cf : Louise Michel. Son grand-père avait acheté une caisse de livres et toute la famille pioche dedans pour lire.

Cependant cela provoque souvent un sentiment d’infériorité, on ne sait pas quoi lire. Cela peut rendre influençable par le curé, par l’école et par la publicité. Ce n’est donc pas un choix conscient.

4. Quelques chiffres.

En terme de possession, la majorité des classes populaires ne possèdent pas de livre. Il y a une progression à la fin du XIXe, début du XXe. Il faut faire des nuances en fonction du niveau d’alphabétisation : les citadins sont plus alphabétisés que les ruraux, et chez les citadins ce sont les marchands qui sont plus alphabétisés que les ouvriers.

C’est chez les marchands que l’on trouve le plus fort pourcentage de possession car ils voient dans la possession de livres et dans la lecture la possibilité d’ascension sociale. Ils sont conscients de leur besoin de livres et de meubles adaptés pour les conserver. A la moitié du XIXe c’est 30% des classes populaires.

Les paysans, les ouvriers (qui vivent en garnis = appartements meublés collectifs) et les artisans peu qualifiés sont quasiment dépourvus d’ouvrages.

Pour les domestiques, tout dépend du type de maîtres qu’ils ont. S’ils sont placés chez des notables, ils peuvent récupérer les journaux et les magazines.

Ex : Franche Comté. C’est l’une des régions qui a été le plus précocement alphabétisé et conquise à la lecture. Les paysans franc-comtois malgré qu’ils vivent dans un environnement favorable à la lecture vont préférer acheter des vêtements, ou des meubles mais pas des livres. C’est un problème culturel.

Le nombre de livres est toujours restreint : pas plus de 10 livres par foyer et sans meuble de bibliothèque.

Ces données sont acquises par l’étude des inventaires, on ne sait pas cequi est lu par l’emprunt, ou le journal lu au café, par la location de brochure dans les cabinet de lecture (qui sont chers). Il y a donc toute une lecture qui nous échappe car elle ne passe par l’achat. L’emprunt se fait dans des bibliothèques populaires entre 1860 et 1900 il y en a 50 000 et elles sont peu fournies.

B- XVIe jusqu’au XVIIIe, une culture populaire relativement unifiée.

1. le primat du religieux :

Pour toutes les catégories populaires, les livres possédés sont avant tout des livres de religion. Et lorsque l’on ne possède qu’un livre c’est un livre religieux. C’est le reflet d’un besoin, d’une demande car la société est profondément religieuse et c’est également le reflet de l’effort de l’Eglise pour diffuser son message.

Par ailleurs, les colporteurs ne prennent pas de risques commerciaux, ils savent qu’ils achèteront sans hésitation des textes religieux et donc ils ne vendent presque que cela.

Ex : Rétif de la Bretonne. Romancier. Il vient d’un milieu paysan aisé. Son père le place chez un imprimeur pour qu’il accède à un autre échelon socioprofessionnel. Rétif a appris à lire et à écrire dans la vie de saint de sa mère puis dans la bible de son père et dans le catéchisme de l’école. A son anniversaire il reçoit des chants de noël. Il entre en apprentissage dans un imprimeur et finit par imprimer ces propres histoires.

2. La Bibliothèque Bleue (rien à voir avec la Bibliothèque rose)

C’est une formule éditoriale de Troyes. La BB vend des livres à bas prix, de mauvaise qualité pour réduire les coûts. Elle prend des textes qui sont tombés dont personne ne veut et dont les auteurs n’ont pas à être payés. On découpe le texte en petite séquence pour aider à la lecture, notamment le monde rural, aidé par le colportage.
Les thèmes sont :
 La vie des saints
 Les livres pratiques : ils expliquent comment maîtriser certaines compétences pratiques comme « le médecin des pauvres » pour se soigner soi-même, « les comptes faits » qui sont des tables de calcul pour aider les ruraux ne sachant compter et convertir par rapport aux fluctuations du marché des denrées. C’est également « les secrétaires » pour apprendre les formulaires de lettres types. C’est aussi « les praticiens » qui apportent des notions de droit élémentaire
 La littérature : ce sont des romans de chevalerie tels que « les quatres fils Aymon » qui sont lus depuis 300 ans, des contes de fées du XVIIe faits pour les adultes et lus aux enfants au XIXe.
 Les almanachs : ce sont des calendriers agrémentés de diverses choses comme des prévisions et commentaires météorologiques très évasifs et évidents (il va y avoir un hiver froid, un printemps doux, un été chaud etc.), de conseils moraux, de recettes pratiques, d’articles d’information sur l’année écoulée et des anecdotes de faits divers.

Cette culture livresque des classes populaires est décalée, sans accès à la culture littéraire contemporaine, d’autant que l’achat d’un roman est coûteux car un roman est toujours composé de plusieurs volumes.
Cette culture est donc étroite, elle évolue peu, emprunte de religion et végète dans une grande stabilité des titres proposés.

C- au XIXe (de la Révolution française jusqu’en 1880) un fossé entre ville et campagne

Au XIXe la problématique de la lecture dans les classes populaires est liée à l’offre de lecture. En effet, le XIXe va voir progressivement apparaître d’autres produits éditoriaux car les éditeurs s’adaptent à ces nouveaux lecteurs peu argentés. Ils existent toujours les canards, les romans populaires font leur apparition et sont vendus par fascicules à la livraison tous les 15 jours. L’on choisit de vendre moins cher pour vendre plus, c’est l’industrialisation de l’imprimerie.

A la fin du XIXe c’est l’apparition de la presse populaire qui apporte de nouveaux contenus : des romans plein de rebondissements, des nouvelles à sensation, des nouvelles politiques.

Les circuits de diffusion sont citadins par l’intermédiaire des librairies ou des colporteurs qui vont désormais sur les chantiers.
L’on peut les louer dans les jardins publics et les cabinets.

Dans les campagnes, on trouve beaucoup plus de colporteurs mais ils restent saisonniers. Chez les quincailliers, il y a désormais une étagère consacrée aux livres cependant il y a peu de choix car les autorités se méfient des campagnes. L’on a encore le souvenir de la Révolution française, et des conséquences d’une prise de conscience politique et culturelle des paysans. De fait les commerçants des campagnes sont sous l’autorité du préfet qui décide des lectures convenables pour les ruraux. De plus les commerçants veulent limiter les risques commerciaux et ne prennent pas d’initiative quant aux choix des titres.
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