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Peste Flagellants et juifs dans la chron de Jean Le Bel

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Message  Anne-éli Sam 13 Fév - 14:32

voila mon exposé auquel il faut enlever les termes "mystique" en le remplacant par "spirituel" et "holocauste" en le remplacant par "pogrom"

La peste les flagellants et les juifs dans la Vraie Chronique de Jean Le Bel

4

Introduction:

Cito, Longe, Tarde, c'est à dire vite, longtemps et tard autrement dit: Pars vite, loin , longtemps et reviens tard, le seul remède connu pour échapper à la peste au Moyen-Age. Cet extrait de la Vraie Chronique de Jean Le Bel porte en effet sur la perception que son auteur a eu de la Peste Noire qui sévit en Europe de 1348 à 1352 et plus particulièrement entre 1348 et 1349. Il décrit les conséquences sociales du mouvement de panique que causa l'épidémie qui fut perçue par la population comme l'avènement de l'Apocalypse. Cela entraîna une série de comportements irrationnels comme le mouvement spirituel mystique des flagellants et les exactions envers les juifs d'Europe.
Une chronique est une œuvre attachée à la chronologie événementielle d'une période donnée, au travers de laquelle l'auteur veut démontrer l'ambition divine par delà les actions humaines et les phénomènes subits par les hommes.
Jean Le Bel entreprend donc la rédaction de sa Vraie Chronique en 1326 et ce jusqu'en 1361 sur l'insistance de Jean de Beaumont.
Jean Le Bel est né à Liège où son père était échevin, en 1290. Il fut attaché à la maison de Jean de Beaumont le fils cadet du comte de Hainaut auprès duquel il prit les armes pour la campagne d'Angleterre et d'Ecosse de 1327. Cette campagne se fit sous la protection de la reine Isabelle mère d'Edouard III alors qu'Edouard II est emprisonné puis exécuté. A cette occasion Jean Le Bel fréquenta la chevalerie et les tournois et apprit l'art de manier les armes. Cependant il était déjà destiné à devenir ecclésiastique car depuis 1312 il avait le canonicat de la cathédrale Saint-Lambert de Liège et la prévôté de l'église Saint-Jean-Baptiste. Il avait la réputation d'être un bon vivant, recevant fastueusement, élégant et généreux. Il mourut le 15 février 1370 et fut inhumé à la cathédrale de Liège. Sa chronique retrace le conflit entre les rois d'Angleterre et de France entre 1326 et 1361. Son sujet principal est le règne de son héros Edouard III dont il ne dissimule pas les travers et les erreurs comme le viol de la comtesse de Salisbury. Ce qui compte pour lui c'est la vraie trame de l'histoire et les faits de guerre. Il est d'une grande indépendance d'esprit et il est très lucide sur la conduite de la chevalerie et de certains nobles. Son jugement réaliste fait de son oeuvre une source historique importante. Il use pour écrire de sa propre expérience et vu qu'il n'a que peut voyager, il recueillit des témoignages de premières mains. Lorsqu'un renseignement porte à caution il émet des réserves ainsi sa chronique est reconnue comme exacte et relativement précise et bien informée. Jean Froissart se voudra continuateur de Jean Le Bel n'hésitant pas à piller dans son oeuvre, même si la chronique de Le Bel n'a probablement pas connu le succès à son époque.
Les évènements relatés par Jean Le Bel dans cet extrait s'inscrivent dans un contexte de crise généralisée que l'on appelle communément la crise de la fin du Moyen-Age. Cette crise est une spirale qui touche tous les secteurs de la société médiévale. Elle déséquilibre l'Europe des années 1320/30. Ces années se caractérisent par un ensemble d'événements conjoncturels que sont la disproportion entre l'espace cultivable et l'expansion démographique, la hausse des prix, la multiplication des guerres et de l'alourdissement fiscal qui s'y attache. Ce contexte est un terroir fertile à la crise qui survient avec l'arrivée de la peste noire en 1348 alors que la guerre de Cent ans a déjà débuté. Clément VI est alors Pape, Edouard III règne en Angleterre et Philippe VI le Valois en France.
Dans ce contexte troublé et violent, la Peste noire va exacerber les émotions du peuple dès lors en proie à des terreurs mystiques. Les conséquences furent de deux ordres: faire pénitence des péchés de l'humanité et trouver des responsables au malheur s'abattant sur le monde connu alors que les prières n'apportent pas de secours. Ainsi nous pouvons nous demander quelle est la traduction faite dans la chronique de Jean Le Bel de cette période apocalyptique, et surtout comment la société médiévale a répondu à sa peur dans cette ambiance de fin des Temps.
Dans une première partie, nous allons d'abord appréhender la Peste noire dans la mesure où sa description épidémiologique et les lacunes de la médecine médiévale entraînèrent un certain nombre des débordements constatés. Puis dans une deuxième partie, nous étudierons le mouvement mystique des flagellants pour comprendre l'élan de pénitence qui se déploya en Europe, en voyant également la façon dont les autorités ecclésiastiques ont géré cette piété morbide. Enfin, nous constaterons dans une dernière partie, le comportement des contemporains face aux juifs.

I- Cito Longe Tarde

A- La Peste noire:

lignes 2 à 4 > « provenant d'une maladie qu'on appelle la bosse ou l'épidémie. Elle prenait les uns au bras gauche, les autres à l'aine et l'on en mourait dans les trois jours »

image du médecin

Cliniquement l'on distingue 2 formes de peste qui diffèrent essentiellement par la voie de pénétration du germe. Ici c'est la forme bubonique qui est décrite. La forme bubonique est consécutive à une pénétration cutanée et l'incubation est de un à six jours. Dans quelques rares cas, la maladie peut revêtir une forme ambulatoire bénigne qui se manifeste par une simple tuméfaction ganglionnaire durant une à trois semaines. Contrairement les taches noires appelées charbon ne sont pas systématiques. Ce charbon est en fait la marque d’hémorragie spontanée qui peut survenir. La lésion qui permet la contamination est en générale une piqûre de puce qui porte le bacille de la peste. C'est notamment la puce du rat qui était dangereuse c'est la raison pour laquelle l'on a longtemps incriminé le rat. Cette puce du rat vit aisément dans les conditions climatiques d'un intérieur et notamment dans les draps et les vêtements, elle pond des oeufs dans les poussières du sol et dans les boiseries. Les oeufs éclosent dans des conditions de température et d'hygrométrie particulières de fait dès qu'il pleut, une nouvelle génération de semeuses apparaît.
Cependant l'on sait aujourd'hui que la puce du rat n'est pas la seule responsable. En effet, les germes survivent et persistent dans les poussières si les conditions climatiques sont favorables.

Lignes 28 « Ils parcoururent les pays »
En effet, la plus grande semeuse de la peste est la migration. Les populations se déplacent pour fuir ou pour prêcher comme les flagellants et ils contaminent les personnes qu'ils rencontrent. Ainsi sur les cartes de propagation de l'épidémie l'on constate que c'est sur les voies de communication que les épicentres de contagion se situent.

B- Les chemins de la contagion

Ligne 1: « En ce temps courait une commune et générale mortalité dans le monde entier. »
Dans le monde occidental cela fait 6 siècles que l'on a pas vu réapparaître la peste. Les conditions de la crise vont cependant lui permettre de sévir de façon brutale et dévastatrice. Dès le XIVe siècle plusieurs auteurs pensent qu'elle vient de Chine et que par le commerce génois elle serait revenue en occident par Messine, Gêne et Marseille.

Carte peste.

L'on peut constater dans l'extrait aux lignes 10 « En Allemagne » Lignes 29 « les pays de Liège, de Brabant, de Hainaut et d'ailleurs » que les pays connus par Jean Le Bel sont touchés.

C- L'impuissance des prêtres et des médecins

Lignes 4 à 7: « Et quand elle avait frappé dans une rue ou dans une maison, l'un la prenait de l'autre: c'est pourquoi peu de gens osaient aider ou visiter les malades et à peine pouvait-on se confesser car à peine trouvait-on un prêtre qui le voulut faire ou quelqu'un pour oser habiller les malades ou toucher leurs draps. »

Avant de parler des prêtres soulignés par cette citation, parlons de ce qui n'y est pas mentionné. En effet, les médecins sont absents de cet extrait, peut-être est-ce qu'ils n’entrent pas dans l'équation de Jean Le Bel pour résoudre la peste – fléau de Dieu ou tout simplement est-ce parce qu'en ces temps de peste il y eut un problème pour trouver des personnes pour prendre en charge les malades, les mourants et les morts. A l'origine, les porteurs de corps sont de diverses extractions. Ces hommes sont aux premières lignes du danger: les plus exposés à la contagion. L'espérance de vie d'une personne s'occupant des pestiférés et des cadavres a été estimée à 2 jours. Avant la peste, déjà, en Italie à la fin du XIIIe et début XIVe certaines communautés engagent des médecins pour soigner les pauvres mais la peste noire bouleverse cette organisation. Jusque là mal payés (25 livres par an) les médecins disparus par la maladie ne sont remplacés qu'à prix d'or. On offre des salaires plus importants de l'ordre de 100 livres par an mais même pour 200 livres personne ne postule pour le poste. On en arrive alors à engager des carabins: étudiants en médecine n'ayant pas encore terminé leurs études.

En ce qui concerne le comportement des prêtres, il est à noter que les institutions ecclésiastiques et laïques appréhendent les mouvements de peur dans la population. En effet rapidement on tente de cacher l'épidémie ou tout du moins d'en dissimuler la gravité. En effet, seules les veuves sont autorisées à porter le deuil; deuil qui est interdit à tout autre membre d'une famille. S'y ajoute également l'interdiction d'annoncer publiquement les funérailles, de sonner les cloches pour les morts et les enterrements. D'autant que les enterrements se font de façon collective désormais tant le flot de morts est difficile à endiguer. Et quand les pays n'ont pas pris ce genre de disposition les magistrats de la ville sont aux aguets. Dans des villes comme Narbonne, les autorités sont désemparées et ne sachant que faire, elles commandent de grandes quantités de cercueil ce qui amplifie la panique

Lignes 7 à 9: « Si les gens ne savaient que penser ni quel remède donner à l'encontre, plusieurs pensaient qu'il s'agissait d'un miracle et d'un vengeance de Dieu pour les péchés du monde. »

Cette citation rappelle entre les lignes le recours à l'ésotérisme que la population a eu alors qu'elle ne trouvait de solution dans la prière et dans la médecine. Même les superstitions condamnées pourtant par l'Eglise n'eurent raison du Mal. Cela concerne l'utilisation d'amulettes, de dessins kabbalistiques dessinés sur les portes des maisons, pour les plus riches l'usage de pierres précieuses comme le diamant (de là vient l'usage de d'offrir un diamant à sa fiancée pour la préserver de la maladie), de la numérologie, de porter sur soi des textes sacrées et des incantations. L'Eglise tente alors de détourner cette dévotion déviante sur les reliques des saints, c'est le développement du culte des saints par ailleurs.
Si aucune magie, aucune religiosité et aux Lignes 40 à 42: « Quand on s'aperçut que cette mortalité et pestilence ne cessaient point malgré les actes de pénitence » Il ne pouvait qu'avoir qu'une seule explication. On en était à la fin des Temps.


II- L'Eglise à l'épreuve de la fin des Temps

A- Une secte pénitente à succès: les flagellants ou la confrérie du gonfanon

Lignes 8 à 10

Les flagellants constituent alors un exutoire par rapport à la Peste (Italie fin XIIIe). Ils existaient bien avant elle mais ils resurgissent à la faveur de temps de crise et procède par un recrutement itinérant. D'abord ces phénomènes furent locaux puis les processions se firent plus longues durant 33 jours en mémoire aux 33 ans passés sur Terre par le Christ.

Ils sont surtout présents en Italie, et dans l'Empire.

Leur profession de foi tient dans le fait qu'ils organisent des séances de pénitences publiques et expiatoires. L'on trouve 5 lettres les concernant dans la Grande Chronique de Saint Denis, dont une émanant d'un grand maître délivrant à l'Eglise une lettre prétendument inspirée par Dieu leur intimant de racheter les pêchés de l'humanité par la flagellation pour sauver les hommes.

Lignes 30 à 34

Ce mouvement était constitué d'ecclésiastiques mais surtout de beaucoup de laïcs. Ils fonctionnaient dans une structure de confrérie solidaire, allant de villes en villages. Cependant leurs pratiques générèrent autant d'adhésion dans la population que de soupçons dans les institutions ecclésiastiques qui condamnèrent rapidement cette déviance morbide.

B- Une liturgie élaborée et controversée

Lignes 10 à 18
Lignes 19 à 28

Ici ce pose un problème historiographique car si leur liturgie semble avoir marquée par son coté sanglant et absolu les lettres des flagellants envoyées aux institutions ecclésiastiques ne mentionnent aucunement les effusions de sang durant les flagellations. Il semble alors que dans un souci de se faire accepter et reconnaître par l'Eglise, les flagellants aient délibérément omis de disserter sur le sang venant des flagellations. En effet, les flagellants s'installaient sur une place de village et prêchaient en invitant chacun et leurs conuméraires à expier leurs péchés. Ainsi commencer le rituel et les chants. Ces chants exhortaient les flagellants à se frapper une grande force, et leur estorgies étaient des fouets munies de lanières de cuir piquées d'aiguilles.
Les processions flagellantes duraient 33 jours et demi (durée qui correspond au passage du Christ sur terre), pendant lesquels les flagellants devaient obéissance totale à leur Maître, qui leur imposait une discipline de vie d'une rare dureté, à laquelle s'ajoutait deux flagellations collectives par jour et une flagellation individuelle la nuit.
Le rituel de la flagellation publique, minutieusement préparé, est le même dans tous les ordres de toutes les régions. Impressionnant, il accordait aux flagellants l'admiration subjuguée des foules. Devant une église, installés en cercle, torse nus, les flagellants font siffler leurs fouets (lanières de cuir munis de piquants de fer) en cadence, aux sons des laudes, ces chants à ligne mélodique simple, aux paroles dépouillées, en langue vulgaire. « Vienne ici qui veut se repentir, sauvons-nous de l'enfer torride, Lucifer est un méchant gars ! » Plusieurs fois par hymne, les flagellants s'écroulent, les bras en croix, et pleurent, puis « par l'honneur du pur martyre » se relèvent et reprennent leur supplice. Leur corps ensanglanté, à la fin de la séance, n'avait plus rien d'humain.
Cette pratique est supposée suffisante pour atteindre le paradis, et les rites de l'Église n'apparaissent plus nécessaires aux fidèles. C'est pourquoi l'Église finit par ne plus les tolérer.

C- La condamnation de l'Eglise

Lignes 34 à 39

En effet le fait de pratiquer une pénitence publique rend inutile la pratique de la confession auriculaire et par la même le recours à son dispensateur: le prêtre.
Jean de Fayt écrit alors une enquête à charge contre les flagellants, en leur attribuant parfois des exactions dont on ne peut certifier l'exactitude. Néanmoins, les flagellants dans l'engouement qu'ils génèrent font de l'ombre à l'Eglise dans aux recours qu'elle donne aux laïcs. Les Flagellants recueillent sur des linges le sang qu'ils répandent pour servir de reliques. L'Eglise voit le sang comme une souillure et le sang versé par les flagellants comme un blasphème car ils veulent laver les péchés de l'humanité comme Jésus le fit en son temps. Une grande littérature se développe dans l'historiographie sur toute la symbolique du sang et son usage. Jean du Fayt exprime également ses doutes sur les véritables intentions des flagellants, Jean Le Bel en fait part quand il mentionne leur ambition de vouloir remplacer l'Eglise.
Clément VI qui avait lui même invité à des auto-flagellations publiques finit par déclarer les flagellants hérétiques par une bulle pontificale, en voyant les dérives anarchiques que cela entraînait. D'autant que le sang versé sur leurs vêtements et leur corps les fit surnommé les chevaliers rouges et le rouge est la couleur du Haut clergé depuis le XIII.
L'Eglise aurait pu selon certains historiens avoir peur qu'un Messie surgissent de quelques contrées allemandes comme cela avait été le cas en Italie quelques années auparavant mais rien ne l’atteste.
Ainsi les flagellants furent pourchassés jusqu'en 1357 dates des dernières poursuites conservées à Cologne.

Entre alors en scène, ces marginaux qui furent autant les victimes de l'irrationalité populaire que des réquisitoires anti flagellants: les juifs.

III- Des semeurs ou des boucs émissaires?

A- Les juifs
lignes 42 à 46
Les juifs sont exclus des confréries et des corporations. Ils ne sont pas dans la bourgeoisie même s'ils vivent dans l'enceinte des cités. Ils sont exclus de la propriété foncière et ils ne sont pas non plus paysans. Ils sont en conséquences plus exposés que d'autres aux mouvements sociaux. Le contexte socio économique et politique qui perturbe l'odre social en fait donc pour les plus accablés des boucs émissaires tout trouvés. En effet le XIVe est une ère de détresse pour les communautés judaïque. Même le Trésor royal les met à mal. Pour récupérer de l'argent le pouvoir royal va pressurer les communautés juives prospères du royaume de France dès 1306. Cependant bien qu'il n'y a plus de juifs dans la royaume de France, les juifs sont tout aussi vulnérables à l'épidémie que les chrétiens. Ni remède, ni médication, ni prière, ni pénitence n'arrivent à conjurer le mal. Qui pouvait être responsable d'un tel fléau? Les juifs, qui sont perçus comme de perfides ennemis de la chrétienté. On les accuse d'avoir empoisonné les puits. Béatrice Philippe semble prendre au mot les propos de Jean Le Bel et elle incrimine les flagellants dans les expéditions punitives contre les juifs cependant l'historiographie n'est pas unanime (Anne Autissier). En effet, il s'avère comme Jean Le Bel le dit que les seigneurs laïcs comme le duc Eudes IV avait fait prisonnier puis torturer les juifs avant de les expulser. Les communautés alsaciennes sont pratiquement exterminées, seuls les juifs sujet du Pape semblent avoir été épargnés. Ces exactions ne sont pas nouvelles, en effet déjà lors de l'épisode des pastoureaux les juifs et les lépreux avaient été accusés d'empoisonner les puits et les fontaines par ambition de domination (en 1320).

B- Une mauvaise interprétation de l'Epître de Paul aux Romains?

Lignes 46 à 47 > 48 > 55

Dans son réquisitoire contre les flagellants Jean du Fayt incrimine les flagellants dans les massacres des juifs. En effet, arrive à convaincre le Pape que les flagellants font une mauvaise interprétation de l'Epitre de Paul aux Romains. Cette Epitre dit qu'à la fin des Temps au moment du jugement, les juifs auront la possibilité de rejoindre Dieu dans les Cieux dans la mesure où ils se convertissent rachetant ainsi leurs péchés. Cependant Jean du Fayt sème la confusion en disant que les flagellants confondent conversion et élimination. Ainsi ils vont à l'encontre des Ecritures.

C- L'Eglise protectrice des juifs

Lignes 34 à 35
Tout au long de l’épidémie, des holocaustes furent organisés contre les Juifs rendus responsables de la Peste Noire. Inquiet d’une telle flambée de haine, près de trois cent cinquante communautés juives ayant été exterminées dans la péninsule ibérique et dans l'Empire germanique, ce pape rendit publique, deux bulles papales dont celle du 6 juillet 1348 et celle de septembre dans laquelle il annonçait qu’il prenait sous sa protection les juifs, menaçant d’excommunication ceux qui les maltraiteraient. Néanmoins, près de 900 Juifs sont brûlés quelques mois plus tard à Strasbourg, alors que l'épidémie ne s'est pas encore déclarée dans la ville. À cette occasion il autorise les autopsies dans l'espoir de découvrir la cause du mal et sa thérapeutique. Puis il condamne le fanatisme des flagellants qui se répandaient dans tout le nord de l'Europe et continuaient la chasse aux juifs.


Conclusion :
Pour conclure, s’il semble indéniable que les flagellants aient eu des pratiques expiatoires particulièrement morbides, qu’ils véhiculèrent malgré eux la maladie au lieu d’en préserver l’humanité par leur prédication, il semblerait que les massacres des juifs se juxtaposent à leurs déplacements uniquement parce que des communautés juives se trouvaient dans les régions de pèlerinage des flagellants.
Les flagellants menaçaient l’Eglise dans ce qu’ils permettaient à chacun d’avoir recours directement au pardon divin sans nécessité de passer par ses ministres. La terreur ambiante, malaisément gérer par les institutions, a fait le reste : soit l’on adhérer à la pratique mystique des flagellants soit l’on trouvait un responsable : les juifs. D’autant que la magie et les superstitions n’apportent pas de réconfort, et que les prêtres et les médecins eux-mêmes ne purent calmer la population. L’Eglise trouvera alors des moyens d’endiguer le désespoir menaçant en développant le culte des saints : celui des fidèles désireux d'invoquer une protection dont l'efficacité a été démontrée par des miracles, comme celui de saint Roch.
De façon récurrente, l’on peut trouver dans chez les historiens spécialistes de la peste une analogie avec le Sida. Ce n’est certes pas dans le nombre de morts ou de contaminés que l’on doit chercher le point commun mais dans le fait que depuis la Peste Noire, le sida se pose au XXe dans cette situation de pouvoir terrifier le monde. Cette maladie à l’instar de la Peste, surgit de façon brutale et personne ne sait la soigner et l’on ne comprend pas complètement les modes de transmission au moment de la découverte de la maladie, laissant les contemporains dans l’impuissance et l’incompréhension. Si la société contemporaine (du moins au XXe) a moins recours à la religiosité dans ce genre de situation elle garde cependant le besoin de trouver des coupables et de les marginaliser : à cause de l’ignorance.
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